Guerre de Crimée

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Crimée Sébastopol

Le 18 septembre 1853, le Régiment se mit en marche pour PERPIGNAN. Il se trouvait dans cette ville lorsqu’éclata la guerre de CRIMEE. Après une longue période de paix, l’armée de la FRANCE se trouvait de nouveau appelée à combattre. Le 4e Léger ne devait pas être oublié, aussi le 21 juin 1854 reçut-il l’ordre de former deux bataillons de guerre et de les diriger sur MARSEILLE où ils arrivèrent le 30 juin.

Déjà cinq divisions étaient parties pour l’ORIENT. Le 4e Léger espérait les suivre de près; malheureusement il n’en fut pas ainsi. Le choléra faisait à MARSEILLE des ravages considérables. Le Régiment, caserné au Lazaret dans un des bâtiments réservés aux passagers, fut atteint par ce terrible fléau.

Les pertes du Régiment dans ces circonstances furent sensibles, mais chacun dut faire son devoir:

Le Général ROSTELAN, commandant à MARSEILLE, convoquait fréquemment les officiers pour venir avec lui aux hôpitaux raffermir le courage des malades et donner à tous courage et consolation. On n’avait qu’un seul regret, celui de voir le départ du Régiment pour l’armée d’ORIENT nécessairement suspendu.

Pendant ce séjour forcé, le Colonel SOUMAIN, nommé Général, fut remplacé par le Colonel GRENIER.

Enfin, le 19 décembre, ce dernier annonça au Régiment l’ordre définitif d’embarquement.

1855 - CAMPAGNE DE CRIMÉE

Le Régiment devait faire partie de la 8e Division de l’armée d’ORIENT, Général de SALLES et de la 1ère Brigade, Général FAUCHEUX commandant.

Les quatre navires, l’HYDASPE, le TAGE, le THABOR et 1’ARABIA, reçurent le Régiment partagé an 4 détachements. La traversée fut très heureuse. L’ARABIA seul s’échoua cependant sur un banc de sable en face de MESSINE. Deux navires à vapeur vinrent le remorquer et purent le remettre à flot.

Pendant la traversée, un décret ayant supprimé tous les régiments légers pour les transformer an Régiments de Ligne, et les régiments légers devant prendre dans l’ordre de leurs numéros la suite des 75 Régiments de Ligne existant, le 4e léger devint, à partir de ce moment, le 79e Régiment d’Infanterie de Ligne.

79. RÉGIMENT DE LIGNE

Le 1er janvier 1855, le 1er Bataillon et les 5e et 6e Compagnies du 2e Bataillon du 79e de Ligne, débarquèrent en CRIMEE. La plage de KAMIESCH fut d’abord le lieu de campement. Un froid des plus violents se déclara le jour même et fit cruellement souffrir cette fraction- du Régiment, mais rien ne put ébranler le courage de ces soldat disciplinés qui allaient prendre rang parmi les vainqueurs de 1’ALMA. Le 5 janvier 1855, le Colonel et l’état major du 79e arrivèrent à KAMIESCH. Dès ce moment, le Régiment avait un chef et son drapeau était planté sur le sol de CRIMEE.

Le Régiment vint prendre place au CLOCHETON à l’entrée des travaux d’approche de SEBASTOPOL en avant des divisions de siège.

Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, les russes firent une sortie sur nos attaques de droite. Le 2e Bataillon prit les armes et vint au secours des gardes de tranchée. Les mois de février, mars et avril, furent très activement employés aux travaux du siège, garde de tranchée, transport de projectiles, construction de batteries, ouverture de boyaux de tranchées, etc... On perdit pendant Ces mois 22 tués et 47 blessés.

A partir du 1er février, la division de SALLES devint la 4e Division du 1er Corps commandé par le Général PELISSIER. Enfin, au mois de mai, on entra dans une ère nouvelle et le combat, qui se livra pendant la nuit du 1er au 2 mai établit de la manière la plus solide, la bonne répartition du 79e dans l’armée d’ORIENT. Les russes avaient construit un ouvrage de contre-approche qu’il était nécessaire d’enlever. Trois colonnes furent désignées pour cette attaque. 2 Bataillons du 79e et les deux compagnies d’élites du 1er étaient de la colonne de gauche commandée par le Général BAZAINE. Le Colonel GRENIER et le Lieutenant Colonel HARDY avaient accompagné le 2ème Bataillon.

Une attaque des plus habiles et des plus brillants exécutée simultanément par les trois colonnes, força l’ennemi à battre en retraite et nous rendit maître de l’ouvrage. Pendant la nuit, il fallut s’occuper à le tourner contre l’ennemi et ce fut sous un feu des plus vifs que ce travail fut accompli. Les pertes du bataillon furent grandes ; 18 hommes tués, parmi eux le Lieutenant BERTIN qui tomba frappé mortellement par un biscaïen, 59 blessés dont le Lieutenant HRADY grièvement blessé à la tête.

Le Colonel heureux et fier, de la gloire obtenue, publia le lendemain, l’ordre du jour suivant:

“Devant SEBASTOPOL, le 2 mai 1855, Officiers, Sous Officiers et Soldats, vous vous êtes vaillamment conduits cette nuit, vous vous êtes conduits comme de vieilles troupes et d’un seul coup vous vous êtes placés au 1er rang des vieux régiments. La FRANCE a reconnu ses enfants et les russes les héros de FRLEDLAND. Soldats! Votre Colonel vous remercie et s’il ne signale personne c’est que vous le mettez dans l’embarras pour choisir; car tous ont brillamment fait leur devoir.

Soldats ! vous avez donné au 79e un noble baptême.”

A la suite de cette brillante affaire, le Général en Chef cita à l’ordre de l’Armée:

MM. GRENIER - Colonel

HARDY - Lieutenant Colonel

DUPREY - Capitaine commandant le bataillon

BALDINI - Capitaine Adjudant major

RENAULT - Capitaine Adjudant major

VIGNOL - Capitaine

PHILIPPE - Sergent Major

DUFO - Sergent Major

MOULIN - Sergent

DESARNAUD - Fusilier

Il nomma Chevalier de la Légion d’Honneur:

MM. VIGNOL - Capitaine

REY - Lieutenant

DUFO - Sergent Major

MOULIN - Sapeur

Et il conféra la Médaille Militaire à:

MM. LECORRE - Voltigeur

BILLION - Voltigeur

CHANDEMANCH - Sergent

ESCANGE - Sergent

SIMON - Grenadier

Quelques jours après, le Général PELISSIER remplaça le Général CANROBERT comme commandant an chef. Le Général LASALLE commanda le 1er Corps et le Général BOAT, la 4e Division.

Le 22 mai, le Général PELISSIER ordonna l’attaque du cimetière et des embuscades à l’extrême droite des russes. Le combat fut terrible et dura deux nuits pendant lesquelles le Régiment fut constamment sous les armes ; le 1er Bataillon sur le théâtre même de l’opération, le 2e en réserve, M. R.ENAULT, Sous Lieutenant, fut cité à l’ordre de la division. Les pertes pour le mois de mai furent pour le Régiment de 29 tués et 107 blessés.

Le 6 juin à 5 h du matin, le feu de nos batteries dont le nombre était considérablement augmenté, s’ouvrit sur toute la ligne et le lendemain, les troupes du 2e Corps enlevaient glorieusement aux russes le MAMELON-VERT et les ouvrages blancs. Les pertes de ce mois s’élevèrent à 14 tués et 102 blessés. Pendant le mois de juillet, les travaux de siège continuèrent avec la plus grande opiniâtreté. Chacun faisant des efforts surhumains et employait avec énergie le peu de force qui lui restait pour assurer le résultat de cette entreprise gigantesque. Les actes de dévouement furent nombreux au 79e, il est impossible de les citer tous. Les séjours dans les tranchées rapprochées de 60 mètres de l’ennemi devinrent de plus en plus dangereux. Le nombre des blessés et tués dans chaque garde était de plus en plus considérable. Les projectiles ennemis venaient même jusque dans le Camp occupé par le Régiment. Les pertes du mois de juillet s’élevèrent à 9 tués et 123 blessés dont 4 officiers. Le mois d’août fit dans nos rangs moins de victimes, 11 tués et 39 lbessés. Le dénouement approchait. Le 5 septembre à 5 h et demi du matin, les 800 pièces d’artillerie française en batteries, devant SEBASTOPOL, et les 500 pièces anglaises tonnèrent à la fois et le 7, des ordres furent donnés pour une attaque générale. Le 2e Bataillon du 79e était dans la tranchée avec le commandant SOUVILLE. Les autres bataillons vinrent le rejoindre et le Régiment fut chargé d’attaquer le bastion du MAT. Il allait s’élancer, lorsque quelques déserteurs russes, blessés, vinrent annoncer l’abandon du bastion. Nous avions encore perdu 11 tués dont 2 officiers, 52 blessés dont 3 officiers. Mais SEBASTOPOL avait succombé et la RUSSIE était vaincue.

En récapitulant les pertes du Régiment, on trouve 9 officiers tués, 91 sous-officiers et soldats tués et 526 blessés. Total  633 hommes hors de combat.

Après avoir occupé la vallée de BAIDAR et le col de KERMITHERMI, le 79e vint travailler aux lignes de KAMIESCH. Là il fut cruellement éprouvé par le froid et la maladie. Mais l’heure du retour en FRANCE approchait. On allait revenir victorieux et fier, que faut-il de plus pour rendre joyeux et content le soldat qui a fait son devoir.

La paix signée, des dispositions furent prises aussitôt pour l’embarquement.

Le 17 avril, le Maréchal PELISSIER voulut faire ses adieux à l’armée victorieuse et une grande revue fut passée à la suite de laquelle de nombreuses récompenses furent discernées aux braves officiers et soldats du 79e de Ligne. Enfin, le 4 juin, le GREAT-REPUBLIQUE, vaisseau américain prit à son bord le 79e. La traversée fut des plus heureuses et le 22 du même mois, le débarquement se faisait à MARSEILLE. De là, le Régiment fut envoyé à ANGERS; la distance était grande, mais le Régiment était rompu aux grandes fatigues et d’ailleurs il voyageait dans l’intérieur de la mère patrie où il rencontrait des coeurs chaleureux qui venaient applaudir et saluer au passage de valeureux soldats.

Le 79e de Ligne avait pour lui, le légitime orgueil du devoir accompli et il pouvait revendiquer sa part de gloire dans la grande guerre qui venait de se terminer.

En octobre 1856, le Régiment reçut l’ordre de partir pour PARIS après avoir formé deux bataillons de guerre, le 3e devait rester à ANGERS. il tint garnison à PARIS jusqu’au mois de mai 1859 époque où il vint à LYON. Et peu après éclata la guerre d’ITALIE.

Le 79e ne fut pas compris dans le nombre de Régiments qui furent appelés en ITALIE au début de la guerre. il fut cependant endivisionné vers la fin du mois de juin et allait partir lorsque la paix de VILLAFRANCA vint terminer brusquement la campagne de 1859. Il fut alors appelé à tenir garnison en SAVOIE où il arriva en 1860. Son exacte discipline le rendit très sympathique aux populations de ces nouvelles provinces cédées à la France à la suite de la campagne.

Par décret impérial du 14 août 1860, le Colonel GRENIER, ce chef qui avait bravement conduit le 79e à l’ennemi pendant la guerre de CRIMEE fut promu général et remplacé par le Colonel de CISSEY.

En 1863, le Régiment quitta ANNECY et vint au camp de CHALONS et de là à NANCY où il resta jusqu’en 1866 époque où il fut envoyé à CLERMONT-FERRAND, puis à LYON et de là en CORSE (1870). C’est de cette dernière contrée que partit le 79e pour venir prendre part aux funestes événements de la guerre d’ALLEMAGNE.

 

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