1870-1871

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1870-1871

CAMPAGNE DU RHIN

Embarqué le 9 août sur le vaisseau l’INTREPIDE, le Régiment arriva le 12 à TOULON et le 14 à PARIS. Il fut aussitôt placé dans le 12e Corps (Général LEBRUN). Le 18, cette division fut transportée au camp de CHALONS par voie ferrée. L’armée réunie au camp de CHALONS sous les ordres du Maréchal MAC-MAHON, comprenait, outre le 12e Corps, le 1er corps qui s’était réorganisé après la bataille de TROSCHVILLER, le 5e Corps qui avait effectué sa retraite par BITCHE et le 7e Corps venant de BELFORT. La FRANCE était envahie et la première armée bloquée devant METZ. L’armée de CHALONS eut pour mission de débloquer cette place et l’armée du RHIN.

Le 21, l’armée de CHALONS toute entière quitta le camp et vint camper dans environs de REIMS. Les jours suivants, le Régiment occupa les positions de SAINT MAMES sur la SUIPPE, de REHEL, de TOURTERON et de STONE. Le 29, il se forma en avant de MARNI-FORET où se trouvaient déjà les autres divisions du 12e Corps qui s’engagea dans la vallée de YONCQ, traversa la MEUSE à MOUZON et campa sur les hauteurs de la rive droite entre la route de VERDUN et celle de CARIGNAN. Le 30 août, une violente canonnade éclata dans la direction de BEAUMONT, c’était le 5e Corps, qui surpris par l’armée saxonne, effectuait sa retraite sur MOUZON. La 2e Brigade de la 1ère Division (58e et 79e de Ligne) reçut l’ordre de passer la MEUSE à MOUZON pour protéger la retraite du 5e Corps, lequel, vivement poursuivi par le 5e Corps prussien et par les bavarois pouvait être coupé de MOUZON. Le Régiment ayant passé la MEUSE, se forma en colonne serrée par division et marcha en suivant le ruisseau de YONCQ, jusqu’à 2 kilomètres de MOUZON. La colonne présentait le flanc gauche aux collines boisées, lorsqu’une vive fusillade éclata au dessus d’eux. Les tirailleurs du 58e se replièrent et une batterie prussienne, déjà en position sur la hauteur, engagea le feu sur la batterie française qui marchait à la hauteur du Régiment et sur son flanc droit. Le Régiment étant dans l’impossibilité de se déployer sous le feu de l’artillerie ennemie, se mit en retraite vers la MEUSE.

L’infanterie prussienne s’avançant toujours, quelques compagnies sous les ordres des Chefs de Bataillon DU RAZET et GASSER firent un retour offensif sur la route de REMILLY.

Ce mouvement, très bien conçu et parfaitement dirigé par ces deux Chefs de Bataillon, sauva le Régiment d’une destruction certaine. Dans ce combat, le Capitaine VERDELET de la 6e Compagnie du 3e Bataillon, fut tué et le Capitaine DUPLAN de la 1ère Compagnie du 2e Bataillon, fut blessé mortellement en conduisant des hommes au feu avec le plus grand courage. Vers huit heures du soir, le Régiment, à peu près rallié, se mit en marche par DOUZY sur SEDAN où il arriva avec toute l’armée dans la matinée du 31 août, et où il prit position. Le 1er septembre devait être pour l’armée française une journée de deuil; désorganisée par sa retraite précipitée sur SEDAN, elle comptait à peine 80 000 hommes à opposer à 280 000 ennemis. La bataille commença à la pointe du jour. La 2e Brigade de la 2e Division reçut vers 7 h du matin, l’ordre d’aller prendre position. Le Régiment se mit en marche sur FOND-de-GIVONNE. Deux bataillons furent placés par le Générai LEBRUN dans un petit vallon parallèle à la route. Le 1er bataillon, qui dans sa marche sur FON de GIVONNE était en queue, avait été arrêté par un officier supérieur d’Etat Major et placé plus à droite sur les hauteurs qui dominent le faubourg de BALAN. Le feu de l’artillerie était d’un extrême violence ; la position occupée par les deux premiers bataillons était battue sur son front et sur son flanc par l’artillerie prussienne. Le Colonel désigna cependant un plateau qu’il fit occuper par le 3e Bataillon; ce plateau, que protégeait une redoute en terre, était sillonné par les feux croisés de l’artillerie ennemie qui fit éprouver de grandes pertes au 3e Bataillon.

Vers 3 heures un officier d’ordonnance vint donner l’ordre au commandant DU MAZEL de se porter sur le bois de la GARENNE et de la défendre. Le 2e bataillon et 2 compagnies du 3e se portèrent résolument au point désigné. A ce moment, le Colonel BRESSOLLES, qui venait de faire une chute de cheval, remit le commandement au Commandant DU MAZEL. Le 2e bataillon occupa le bois de la GARENNE jusqu’au moment où les batteries d’artillerie qu’il protégeait furent complètement démontées ; il suivit alors une assez forte colonne d’infanterie de la division qui se retirait sur SEDAN en combattant. Le 3e Bataillon, commandant GASSER, qui était toujours vivement engagé n’effectua sa retraite sur SEDAN que lorsque le mouvement fut général. Quant au 1er Bataillon qui avait été séparé du reste du Régiment dès le début de la journée, il combattit en dehors du cercle d’action des deux autres bataillions jusqu’au soir vers 4 heures, moment où il rejoignit en partie le 2e bataillon dans le bois de la GARENNE, ils se retirèrent ensemble dans la place. Enfermée dans la place, cernée de toutes parts et menacée d’une destruction complète par 500 bouches à feu braquées sur les hauteurs qui dominaient la ville dans un rayon de moins de deux kilomètres, l’armée dut capituler. Le 2 septembre, jour de la capitulation, le Régiment était réuni sur la place de SEDAN. Le 3 septembre, il subissait le sort de toutes les troupes comprises dans ce désastre. Il bivouaqua dix jours dans la presqu’île d’IGES et fut conduit prisonnier en ALLEMAGNE. Le Régiment avait eu, dans cette triste journée, 15 officiers et un grand nombre de soldats tués ou blessés. Le Drapeau du Régiment ayant pu être porté jusque dans la place de SEDAN y fut soigneusement caché. Le 79e de Ligne sombra dans ce terrible naufrage en même temps que la fortune de la FRANCE. Traînés prisonniers en ALLEMAGNE, les officiers assistèrent, tristes et impuissants, à l’invasion de la Patrie invasion cruelle, impitoyable comme les invasions des barbares. Après 8 longs mois d’attente et de souffrances morales, le cadre du 79e rentra en FRANCE espérant n’avoir qu’à songer au travail et à la réorganisation; malheureusement, il ne devait pas en être ainsi et une nouvelle et douloureuse épreuve attendait l’armée à son retour de captivité; elle dut en effet, arracher PARIS des mains des incendiaires et des assassins de la Commune.

Remarque 

79E REGIMENT DE MARCHE

La FRANCE, ne voulant pas s’avouer vaincue continua la lutte et la formation d’un certain nombre de Régiments de Marche fut décrété par le gouvernement de la Défense Nationale (Délégué de BORDEAUX) le 1er janvier 1871. Le 79e de Marche fut formé le 15 janvier à BORDEAUX avec les éléments pris dans les dépôts des Régiments suivants 13e, 14e, 23e, 26e, 30e, 38e, 46e, 54e, 55e, 60e, 61e, 79e, 80e, 88e et 98e de Ligne. L’effectif au 15 janvier, était de 2 421 sous officiers et soldats. Quant au cadre d’officiers, il était des plus incomplets. Le 15 janvier, le Régiment se dirigea par les voies ferrées sur ISSOUDUN puis sur VIERZON où il arriva le 18 au matin. Le même jour, il fut désigné pour faire partie de la 2e Brigade (Colonel BLOT), 3e Division (FERRY-PISANNY) du 25e Corps (Général POURCET). Le 22, le 79e de Marche s’établit à LALEUF du HOUX, ORSAY et PUITS-BERTEAUX formant l’aile gauche du 25e Corps. Mais le 30 janvier 1871, il reçut communication de l’armistice et ne combattit donc sur aucun point du territoire contre les ALLEMANDS.

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