Le Boulonnais

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LE REGIMENT DU BOULONNAIS

Lors de la Paix de NIMEGUE, en 1678, seuls 68 Régiments d’Infanterie furent conservés sur pied, ainsi qu’un certain nombre de bataillons de garnison. Mais en vue de résister à la ligne d’AUGSBOURG, Louis XIV dut renforcer son armée.

C’est alors que furent créés, sous des noms de province 30 nouveaux Régiments, dont le noyau fut fourni par les 3 bataillons des 30 plus anciens Corps. C’est ainsi que fut créé le 5 septembre 1684 le Régiment du BOULONNAIS à partir du 3e bataillon, celui de VILLENEUVE, du Régiment de CHAMPAGNE, et ne comporte donc qu’un seul bataillon.

En 1693, il passe à l’armée de CATINAT en PIEMONT, et combat bravement à la MARSALLE ; son Colonel le Marquis de VIBRAYE, est fait brigadier le 28 avril 1694, pour sa brillante conduite dans cette affaire. En 1695, le BOULONNAIS revient sur le Rhin ; en 1696 il sert à l’armée de la Meuse et en 1697 il prend part au Siège d’ATH.

Le 1er février 1701, le Boulonnais est porté à 2 bataillons par l’incorporation des hommes du Régiment de VILLEFORT et son effectif passe à 55 officiers et 800 hommes et va occuper la ville de BRUGE pour le nouveau roi d’Espagne.

En 1702, il contribue à la défaite des Hollandais à la bataille de NIMEGUE, après laquelle son Colonel est nommé Maréchal de Camp en récompense de ses brillants services. Le 2e bataillon est alors destiné à l’armée du Rhin et le 10 mars il est à BELFORT et LANDSKRONE. A la même époque, M. le Marquis de BEDMAR rejoint M. de LAMOTHE à HEEDE près d’ABDENBOURG avec des troupes dont fait partie le 1er bataillon de Boulonnais. En juillet le 1er bataillon est au camp sous BRUGES, qu’il quitte au mois d’août pour prendre part au siège d’HULST sous les ordres de M. de BEDMAR. L’affaire ayant échouée on se retire et le 30 novembre le 1er bataillon prend ses quartiers d’hiver à CHARLEMONT et GIVET. En 1703 il combat à EECKEREN et le 10 septembre fait partie des troupes qui sont détachées de l’armée des Flandres pour aller sur la Moselle avec M. de PRACONTAL et arrive dans le Luxembourg au mois d’octobre ; vers le 1er novembre il reçoit l’ordre de rejoindre l’armée du Rhin placée sous les ordres du Maréchal de TALLARD. Parti de ses cantonnements entre ARLON et LUXEMBOURG le 5 novembre, il passe la Moselle le 6 et arrive le 10 à SARRELOUIS. C’est alors que le 1er bataillon du Boulonnais retrouve son 2e bataillon qui faisait partie depuis le. 6 juin des troupes du Maréchal de TALLARD.

En 1704, le Régiment de Boulonnais fit la campagne de BAVIERE et le 13 août il prend part à la bataille de HOCHSTEDT, qui fut un véritable désastre pour l’armée française. Le Maréchal de TALLARD a été fait prisonnier ainsi que le 1er bataillon de Boulonnais avec son Colonel, 10 capitaines, 9 lieutenants, 10 sous-lieutenants et 308 hommes.

Le 2e bataillon parvient à s’échapper à son retour en France il fut cantonné en Lorraine et, en 1705, fit la campagne sur la Moselle.

En 1706, Boulonnais est reformé à 2 bataillons il débute sur le Rhin et, au mois de mai, passe en Flandre avec le Maréchal de MARCHAIN ; il y arrive quelques jours après la bataille de RAMILLIES.

Le 11 juillet 1708, Boulonnais prend part au combat d’OUDENARDE contre MARLBOROUGH après l’action, il bat en retraite sur LILLE. Le 17 septembre Boulonnais entre dans le corps du Comte de LA MOTHE, qui était chargé de faire une diversion dans la FLANDRE MARITIME il combat le 30 à WYNENDALE, où l’infanterie se comporta assez mal. Etant placé en réserve il ne participe pas aux attaques de LEFFINGHE le 20 octobre il prend ses quartiers d’hiver le 12 novembre à SAINT-JOORIS.

Le 14 juin 1709, le Régiment se trouva à SAINT-POL, d’où il part en faisant brigade avec ROYAL et ROYAL D’ITALIE placés sous les ordres du Maréchal de VILLARS. Le 7 août, 45 bataillons sont réunis au camp de DENAIN. Le 11 septembre le Maréchal de VILLARS livre la bataille de MALPLAQUET, lutte acharnée où l’armée française laisse sur le champ de bataille 250 officiers tués et 604 blessés. Boulonnais prit une part honorable à cette glorieuse action et fit des pertes sensibles.

Le 22 septembre, Boulonnais est au camp de RUENES, il se compose de 2 bataillons comprenant 13 capitaines, 17 lieutenants, 12 sous-lieutenants et 750 hommes.

En avril 1710, il est en garnison à AIRE, en mai au camp de CAMBRAI en seconde ligne entrant dans la composition d’une brigade comprenant en outre ROYAL ROUSSILLON (2 bataillons) et LAFOND (1 bataille). Cette brigade était commandée par M. de CRECY, colonel de BOULONNAIS, nommé brigadier le 29 mars précédent.

Le Régiment reste au camp jusqu’en octobre où il est mis en garnison à SAINT OMER. Le 20 mai 1711 il est en garnison à YPRES à l’effectif de 1100 hommes et des renforts étant arrivés, l’effectif est porté à 1250 hommes le 1er juin 1711.

Le 26 mai 1712, le régiment figure en seconde ligne dans l’ordre de bataille de l’armée du roi; la brigade dont il fait partie est commandée par le Colonel de CRECY et composée de LIMOUSIN (2 bataillons) SOLRE (2 bataillons). C’est avec ces deux Régiments que Boulonnais se trouve à l’attaque des retranchements de DENAIN le 25 juillet au Siège de DOUAI le 11 août.

Le 17 octobre, les deux bataillons du Régiment se trouvent au camp près de MARQUETTE, entrant dans la composition des troupes destinées au siège de BOUCHAIN.

Après la paix d’UTRECHT, (1713) Boulonnais est envoyé en Allemagne ; fi sert à la prise de LANDAU, à l’attaque des ligues du Général VAUBONNE et au siège de FRIBOURG.

Ramené en France après la paix de RASTADT Boulonnais est mis en garnison à TOUL et réduit à 1 bataillon en 1715. M. de CRECY, son Colonel, est nommé Maréchal de Camp le 1er février 1719.

Au début du règne de Louis XV le Régiment reste en France jusqu’au mois de décembre 1733. L’entrée des autrichiens, des russes et des saxons en Pologne, pour écarter du trône Stanislas LECZINSKI, avait décidé les ministres de Louis XV à envoyer deux armées françaises sur le Rhin et dans les Alpes en août 1733. L’Armée du Rhin, commandée par le Maréchal de BERWICK, étant insuffisante pour faire face aux nombreuses troupes autrichiennes, on résolut d’envoyer des Evêchés et de Franche-Comté des renforts considérables; 60 escadrons et 69 bataillons, dont faisait partie le bataillon de Boulonnais, arrivèrent en Alsace au milieu du mois de décembre 1733.

Les hostilités ne commencèrent qu’au mois de mars 1734. Le 2 mai, l’armée passe le Rhin à FORT-LOUIS et s’établit sur la rive droite ; le Duc de NOAILLES, avec l’avant garde, se porte à RASTADT, où il devait attaquer le lendemain les fameuses lignes d’ETTINGEN qui avaient leur gauche au KEPPFENBERG et leur droite au Rhin près du village de DAXLANDEN. Le 4 au matin de très bonne heure, une colonne composée de deux brigades d’infanterie, où se trouvait le Régiment de Boulonnais (11 compagnies de grenadiers) gravit la montage et arrive au sommet par un orage épouvantable. Après deux heures d’attente, les troupes se forment en colonne d’assaut, essuient trois décharges à bout portant et forcent les retranchements. Le Régiment de Boulonnais combattit avec valeur et le Lieutenant Colonel DUBOIS fut dangereusement blessé en le conduisant à la victoire.

Après cette glorieuse action, le Maréchal de BERWICK se dirige sur PHILIPSBOURG qu’il investit aussitôt. Le 10 mai Boulonnais se trouve au camp de BRUCKSAL où les troupes, qui s’étaient rouillées après 20 années de paix, reprennent l’habitude de la manoeuvre par des exercices journaliers ; il participa ensuite au siège proprement dit. Les officiers et les soldats y furent admirables de patience et de bravoure jusqu’à la capitulation de la place le 18 juillet.

Le 1er août, M. d’AUTIGNY, qui avait commandé le Régiment pendant toute la campagne, fut fait brigadier. A la fin de septembre, les troupes sont baraquées dans les deux camps d’OFFENBOURG et de RENCHEN, en attendant de prendre les quartiers d’hiver en ALSACE. L’état sanitaire était déplorable, les hôpitaux regorgeaient de malades. Les effectifs des corps étaient réduits. Il manquait en moyenne 15 hommes par compagnies de 40 hommes.

Les premiers mois de 1735 furent employés à réorganiser les troupes ; aucune attaque sérieuse des Impériaux n’était à craindre, car ils avaient encore plus souffert que nous.

Ce n’est que le 30 mars que parut l’ordre de bataille des troupes de l’armée du Rhin alors commandée par le Maréchal de COIGNY, le Maréchal de BERWICK ayant été tué par un boulet au Siège de PHILIPSBOURG. Jusqu’en octobre la campagne du Rhin se passe tout entière en marches et en fourrages, aussi M. de COIGNY se préparait-il à prendre ses quartiers d’hiver lorsque les Impériaux prirent l’offensive.

Le 18 octobre, Boulonnais fait partie des troupes que le Maréchal de COIGNY conduit au secours de l’armée de la Moselle commandée par M. de BELLE-ISLE ; le 20 il assiste au combat indécis de CLAUSEN.

Les troupes françaises restèrent sur le territoire ennemi jusqu’en mai 1736 en vivant sur le pays. Le Marquis d’AUTIGNY étant mort dans le courant de l’année 1736 fut remplacé à la tête du Régiment de Boulonnais. par son frère le Marquis de RUFFEY, qui était rentré au corps comme Lieutenant en 1724 ; la paix étant définitivement signée, Boulonnais rentre en France où il resta en garnison jusqu’en mars 1742.

CAMPAGNE DE BAVIERE

Au commencement de l’année 1742, Louis XV prend la résolution de confier une armée au Maréchal de BROGLIE pour défendre la Bavière et opérer une diversion favorable aux troupes françaises qui se trouvaient en BOHEME.

Cette armée, forte de 40 bataillons dont le Boulonnais, 30 escadrons et 4 compagnies franches, quitte les bords du Rhin au début mars 1742.

Le 7 mai, toutes les troupes étaient à DONAUWERTH ; le 1h Boulonnais est envoyé relever un détachement bavarois qui occupait le château de WINTZER et chasser les ennemis des portes d’HOFKIRCHEN et de GRAFENAU qu’ils occupaient.

Il passe les mois de juin et juillet au camp de NIEDER-ALTACH et la situation était si précaire que l’armée de WESTPHALIE fut envoyée au secours des troupes françaises en Bavière.

Le 10 août, Boulonnais fait partie des deux divisions chargées de débloquer le château d’HAUSS, assiégé par l’ennemi. Les derniers mois de l’année se passent en marches et, le 28 décembre, le Régiment prend ses quartiers d’hiver à BASSING.

En 1743, le Maréchal de BROGLIE, d’accord avec le Général bavarois de SECKENDORF, resta sur la défensive.

Le 20 mai, Boulonnais est à WORTH avec 4 autres bataillons lorsque le Prince CHARLES prend contre nous une vigoureuse offensive et surprend le passage du DANUBE. Le Maréchal de BROGLIE, abandonnant la Bavière, se retira alors sur le Rhin et rentra en France du 27 au 30 juin ; le Régiment de Boulonnais fut mis en garnison à LONGWY où il passe l’hiver.

Il reprend la campagne en Alsace au printemps de 1744, contribue à la défaite du Général NADASTY sur les hauteurs de SAVERNE et à la prise de FRIBOURG le 6 novembre 1744. Le Régiment continue à faire partie de l’armée du Rhin sans prendre part à aucune action mémorable ; son Colonel, le Marquis de RUFFEY, est nommé brigadier le 1er mai 1745.

CAMPAGNE DE FLANDRE

En 1746, Boulonnais est envoyé en FLANDRES où il sert aux sièges de MONS et de SAINT-GHISLAIN ; le 8 octobre le Maréchal de SAXE avait réuni son armée au camp sur le JAAR, le 9 il franchit cette rivière et campe sur la rive droite. Le 10 se passe en préparatifs le Maréchal de SAXE donne ses ordres pour attaquer l’ennemi le il au matin.

Un violent orage qui avait éclaté dans la nuit retarde la mise en marche jusqu’à 8 heures, de sorte que les deux armées ne furent en présence qu’à midi seulement. BOULONNAIS faisait brigade avec AUVERGNE ; placé sous les ordre de M. d’HEROUVILLE, qui commandait les brigades de MONTMORIN, NAVARRE et ROYAL, il marche à l’attaque du village de RAUCOUX, centre de la ligne ennemie et défendu par 12 bataillons anglais, hanovriens et hessois à 3 heures et demie, les différentes colonnes abordent les clôtures extérieures et les haies qui entouraient le village ; la présence du Maréchal anime le courage des soldats qui font des prodigues de valeurs et, à 4 heures, les villages de VOROUX et de RAUCOUX sont chargés avec impétuosité ; deux redoutes sont successivement enlevées à la baïonnette. Malgré une résistance opiniâtre, les anglais sont culbutés et le village est pris en une demi-heure.

Cette victoire nous coûta 3 518 hommes tant tués que blessés les pertes de BOULONNAIS furent des plus sensibles.

Après la bataille, les alliés se retirèrent derrière la Meuse et l’armée française repasse le JAAR et reprit son ancien camp entre PREEREN et TONGRES.

CAMPAGNE DE PROVENCE

Après la bataille de RAUCOUX, les deux armées prenaient leurs quartiers d’hiver, mais le Régiment de BOULONNAIS fut envoyé au secours en Provence et, chemin faisant, il organisa son 2e bataillon, rétabli par ordre du 11 novembre 1746.

Le 1er janvier 1747, l’armée française de PROVENCE était sous les ordres de M. de BELLE-ISLE ; 29 bataillons et 10 escadrons étaient au camp du PUGET, 35 bataillons occupaient différentes places. BOULONNAIS se trouvait à BEAUSSET.

Les opérations commencèrent le 21 janvier. En mars, BOULONNAIS est placé au camp de GUILLESTRE, où il fait partie des troupes chargées d’une diversion dans les ALPES, du côté d’EXILES. L’armée du VAR devait attendre dans le comté de NICE l’effet de cette attaque. M. le Chevalier de BELLE-ISLE, frère du Maréchal, désigné par le roi, prit la direction de cette opération difficile. il s’agissait en effet de forcer les retranchements du col de l’ASSIETTE. Ces retranchements d’une longueur de près de 2 kilomètres en crête étaient garnis sur ses deux bords d’une enceinte palissadée continue, reliant entre elles de nombreuses redoutes. Tout cet ensemble constituait au sommet des rochers une énorme masse de pierres et de bois. Les parapets avaient 13 pieds d’épaisseur, ils étaient armés de canons qui montraient leurs bouches aux embrasures et derrière les palissades se trouvaient 5 régiments piémontais et 3 autrichiens.

L’attaque se fit sur 3 colonnes ; BOULONNAIS avait un bataillon à la colonne du centre avec son Colonel ; le 2e bataillon était à la colonne de droite, commandée par le Marquis de VILLEMER. Ce dernier bataillon ne donna presque pas, l’effort principal ayant été fait au centre et à gauche.

La bataille du Col de l’ASSIETTE fut une affaire très chaude et le BOULONNAIS y brilla par la bravoure de ses officiers et soldats ; mais tout cela ne parvint pas à enlever la position. BOULONNAIS fit des pertes cruelles pendant ce terrible combat. Le Chevalier de BELLE-ISLE qui menait l’attaque, l’épée à la main, fut tué, le Marquis de RUFFEY fut grièvement blessé à ses côtés, le Lieutenant Colonel de MOREL fut tué ainsi que le Lieutenant de GRES. il y eut en outre au BOULONNAIS 9 officiers blessés et 159 soldats tués ou blessés restèrent sur le champ de bataille.

Dans le rapport qui fut adressé au roi, M. de RUFFEY, Colonel, et M. de LA MOTTE, major du Régiment, furent cités pour leur bravoure. Le 1er janvier 1748, M. de RUFFEY était nommé Maréchal de Camp et remplacé à la tête du Régiment par le Comte de CHOISEUL.

Après la sanglante et malheureuse affaire du Col de l’ASSIETTE le Régiment se retire au camp de CASTELLANE et il va finir la campagne et la guerre en garnison à LA-SEYNE.

Une ordonnance du 15 novembre 1748 le réduit à nouveau à 1 bataillon.

A l’époque où commença la guerre de sept ans, BOULONNAIS était en Bretagne. Attaché à la défense des côtes il tenait garnison à ST MALO lorsque, le 3 juin 1758, la flotte anglaise vint mouiller dans la baie de CANCALE attendant la marée pour effectuer la descente. A 5 h 1/2 du soir, les troupes de débarquement ayant à leur tête le Duc de MARLBOROUGH, se préparèrent à aborder. Trois compagnies de dragons de MARBEUF, le régiment de BOULONNAIS et les gardes côtes, formant 2000 hommes sous le commandement de M. de LA CHATRES, cherchèrent à s’opposer à la descente des anglais mais trop peu nombreux, ils furent obligés de se replier. MARLBOROUGH s’empare alors de CANCALE et de SAINT SERVAN, où il brûle les vaisseaux qui sont dans le port, puis se retire au camp de PARAME, tout près de ST MALO.

Après avoir essayé en vain de prendre cette ville de vive force, il se retire devant le Duc d’AIGUILLON arrivant avec des renforts et se rembarque le 12 en brûlant 3 frégates, 24 corsaires et une soixantaine de bâtiments de commerce dans le port de SAINT-SERVAN.

Bataille de SAINT-CAST (11 septembre 1758). La flotte anglaise se dirigea alors vers les côtes de Bretagne et le Général BLIGH, qui commandait les troupes, tenta un nouveau débarquement à l’anse de ST BRIAC, en avant de ST CAST. Renonçant au projet d’attaquer SAINT MALO, protégé par la large embouchure de la RANCE et par ses nombreuses batteries, le général anglais pénétra dans le pays pendant que la flotte, qui ne se trouvait pas en sécurité dans la baie de SAINT LUNAIRE, allait jeter l’ancre dans la baie de SAINT CAST.

La Bretagne entière prend les armes et le Duc d’AIGUILLON, son gouverneur, rassemble à la hâte les troupes ; le Général BLIGH, effrayé, se retire et va camper dans une plaine à 3 milles de la baie de ST CAST avec l’intention de rembarquer.

Le 11 septembre, les troupes du Duc d’AIGUILLON, sont réunies à LAMBALLE, se mettent en marché à 3h du matin; mais les haltes furent si fréquentes et la chaleur était si forte qu’elles n’arrivèrent qu’à 9 h sur le rivage de SAINT CAST.

Cependant l’enthousiasme était général. L’armée anglaise était en pleine retraite et allait se rembarquer; les troupes du Duc d’AIGUILLON n’étaient pas encore en bataille et le feu de 5 frégates gênait considérablement leurs mouvements.

M. d’AUBIGNY, qui servait sous le Duc d’AIGUILLON, las de demander et impatient de recevoir l’ordre d’attaquer, engage l’action en faisant marcher le régiment de BOULONNAIS ; les gentilshommes bretons, qui formaient un corps de volontaires, se joignirent au premier rang des grenadiers. Le Chevalier de la TOUR d’AUVERGNE, Colonel de BOULONNAIS, voyant la manoeuvre des gentilshommes, quitta son poste du centre et vint leur demander la permission de se mettre à leur tête. Entraînés par leur Colonel, suivis par les régiments de BRIE et de MARBEUF, les grenadiers pénétrèrent dans les retranchements anglais malgré la mousqueterie et le canon de la flotte embossée à bonne partie. L’ennemi, culbuté, abandonne sa position et se précipite vers le rivage ; mais les soldats de BOULONNAIS le poursuivent la baïonnette dans les reins, le poussent dans la mer, y entrent jusqu’à ceinture à sa suite et pendant toute la durée du rembarquement le criblent de coups de fusil.

Le carnage est affreux; 2000 anglais sont tués ou noyés, deux barques chargées d’hommes sont coulées à fond ; de nombreux anglais qui ne peuvent regagner les vaisseaux et qui cherchent leur salut en grimpant à travers les rochers sont pris après le combat. M. de RABOUL, major du régiment, qui marchait à la tête des volontaires, fit de sa main quatre officiers anglais prisonniers. BOULONNAIS, qui avait toujours combattu sous les boulets de la flotte, éprouva de grandes pertes ; mais eut les honneurs de la journée comme en témoigne la lettre de M. de la CHATRE au Maréchal de LUXEM BOURG.

«    Il ne s’est pas rembarqué cent anglais, et c’était l’élite de leurs troupes qui faisait l’arrière garde. Le régiment de BRIE et de BOULONNAIS y ont beaucoup perdu, surtout le dernier, qui y a fait de prodiges de valeur etc. » et encore « es prodiges de valeur qu’a fait le régiment de BOULONNAIS hyer, et qui se sont passés sous mes yeux, me font espérer que vous voudrez bien leur accorder quelque grâce. M. le Chevalier de la TOUR d’AUVERGNE, que ses blessures empêchent d’avoir l’honneur de vous écrire me prie de vous recommander ce régiment, ils ont il officiers blessés et un de tué sans compter les contusionnés. »

Le Chevalier de la TOUR d’AUVERGNE fut fait brigadier le 15 octobre suivant.

En 1761 le régiment fut embarqué pour SAINT DOMINGUE et c’est à cette circonstance qu’il dut d’échapper aux réformes de 1762, qui ont fait disparaître la plupart de ses contemporains. Une ordonnance du 30 avril le porta à deux bataillons en y incorporant divers détachements d’autres corps qui étaient alors aux colonies. Une autre ordonnance du 21 décembre de la même année le destine au service de la marine et des colonies et à la garde des ports dans le royaume.

Rentré en France le 4 août 1764, BOULONNAIS fit successivement différentes garnisons jusqu’en 1790, où il occupa la citadelle de STRASBOURG.

C’est là qu’il perdit son nom de régiment de BOULONNAIS pour prendre le numéro 79 en exécution de la loi du 1er janvier 1791.

 

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