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En ESPAGNE, NAPOLEON avait prescrit de ne garder que ce que l’on possédait, mais de repousser les anglais s’i]s tentaient un mouvement en avant vers les PYRENEES. La division SARRUT, dans laquelle était le 1er Bataillon du 4e Léger, fut détaché en mars de l’armée du PORTUGAL avec deux autres divisions, pour former, sous le Général CLAUS, l’armée du Nord destinée à assurer les communications entre la FRANCE et l’ESPAGNE. En juin, les anglais menaçant de reprendre l’offensive, la division SARRUT fut rappelée et rejoignit l’armée du PORTUGAL. Surprises par ce mouvement offensif des anglais, les trois armées françaises d’ESPAGNE, se concentrèrent difficilement. La concentration ne put s’effectuer en effet qu’à VITTORIA, le 19 juin. La bataille s’engagea le 21. Le Général REILLE, avec deux divisions (dont la division SARRUT) gardait les ponts de la ZADORRA. Les anglais essayèrent au début de l’action de forcer le Générai REILLE sur la ZADORRA., mais celui-ci se défendit vaillamment et chaque fois qu’on lui enlevait un pont, le reprenait avec la plus grande vigueur; enfin, la ligne ayant été forcée sur VITTORIA, on ordonna la retraite. La situation du Général REILLE devenait périlleuse car l’ennemi se portait sur ses derrières. .Il fit, avec ses divisions, une retraite admirable contenant les anglais vers VITTORIA et rejoignant, en même temps, le reste de l’armée. Le Général SARRUT fut tué dans ces combats. Le bataillon du 4e Léger par sa bravoure y soutint l’ancienne réputation du Régiment. Après ce combat, l’armée se retira sur la ligne des PYRENEES. Le roi JOSEPH fut rappelé et le commandement en Chef des armées d’ESPAGNE donné au Maréchal SOULT (juillet 1813). Pendant que le 1er Bataillon du 4e Léger luttait ainsi en ESPAGNE, les 2e, 3e et 4e luttaient de leur côté sur les champs de bataille de la SAXE et de la PRUSSE. Le 4e Bataillon enfermé dans DANTZIG fut cité avec éloge par le gouverneur de la place, Général RAPP, pour sa belle conduite dans l’attaque du 4 mars. Nous allons voir à quels combats prirent part les 2e et 3e Bataillon. La plupart des régiments de l’armée d’ALLEMAGNE ayant été formés de bataillons de divers régiments, il est difficile de retracer exactement la part de gloire qui revient à chacun d’eux et d’énumérer les traits de courage qui leur appartiennent. Mais il suffit de lire les récits des grandes batailles et des combats auxquels ils ont assisté pour se convaincre que depuis les journées d’ARCOLE, de RIVOLI, des PYRAMIDES, d’AUSTERLITZ, d’IENA, de MARENGO, de FRIEDLAND et de WAGRAM, l’aimée française n’avait rien perdu de sa valeur et que si, malgré son courage, elle devait succomber, il n’est rien de pareil dans l’histoire aux luttes de la FRANCE pendant les années 1813 et 1814; luttes auxquelles prirent part les bataillons du 4e Léger. Quoi de plus grandiose en effet que cette bataille de LUTZEN où 300 000 hommes sont en présence le 2 mai 1813? Quoi de plus beau que les héroïques efforts faits par les soldats des deux armées. “Par les uns pour rétablir la grandeur de leur Patrie, par les autres pour conserver la grandeur de la leur ?“ Quoi de plus admirable que cette terrible lutte entre BLUCHER d’une part et NAPOLEON de l’autre : le premier ramenant trois fois en avant ses troupes dispersées et ne quittant qu’avec rage le champ de bataille ; l’autre maintenant au feu ces jeunes troupes, ces jeunes conscrits qui, enthousiasmés par leurs illustres Chefs, s’élançaient en avant et mouraient aux cris de VIVE L’EMPEREUR, égalant en bravoure les soldats d’AUSTERLITZ. Un bataillon du 4e Léger figura à cette grande bataille, dans le corps du Général LAURISTON, l’autre ne vint que plus tard en ALLEMAGNE avec le 14e Corps, GOUVION SAINT-CYR ainsi qu’on l’a dit ci-dessus. Après la victoire de LUTZEN, NAPOLEON poursuivit l’armée des coalisés et arriva à DRESDE. Les ennemis se retirèrent sur la SPREE et résolurent de livrer une deuxième bataille à BAUTZEN. Elle fut tout aussi glorieuse pour nos armes que celle de LUTZEN et toutes deux vengeaient nos défaites de 1812. Mais toutes les deux avaient été bien meurtrières et NAPOLEON se résolut à accorder un armistice qui fut signé le 4 juin 1813. Pendant les négociations, NAPOLEON se prépara à la reprise des hostilités en renforçant l’armée de LUTZEN et de BAUTZEN et en en créant une nouvelle de 80 000 hommes, sous les généraux VICTOR, VAUDAMME et SAINT-CYR. C’est alors qu’arriva sur le théâtre de la lutte le dernier bataillon du 4e Léger qui, ainsi que nous l’avons dit, était dans le Corps SAINT-CYR, 42e Division MOUTON-DUVERNET; 2e brigade, Général KREUTZER. Les négociations n’ayant pas abouti, l’AUTRICHE entra dans la coalition et les hostilités recommencèrent au mois d’août. Les 25, 26 et 27, eut lieu la bataille de DRESDE qui se termina par la retraite de l’armée ennemie dite de BOHEME. Le Corps de VANDAMME, renforcé de la division MOUTON, eut pour mission, dans cette terrible bataille, de se porter sur les derrières de l’ennemi et d’enlever le camp de PIRNA. il perdit, dans ce combat, plusieurs généraux et 20 000 hommes sur 40 000 et fut envoyé à DRESDE pour se réorganiser. Après des manoeuvres et des combats sans nombre, NAPOLEON livra la grande bataille de LEIPZIG, la plus grande du siècle. Jamais l’héroïsme français n’avait été plus grand, mais on ne peut raconter tous les détails dans cette lutte inégale. Disons cependant que la défection des saxons décida NAPOLEON à battre en retraite (octobre 1813). Le bataillon du 4e Léger du corps de LAURISTON assiste seul à ce terrible combat, car les corps de GOUVION SAINT-CYR et de VANDAMME eurent pour mission de défendre DRESDE contre des opérations et ils y furent assiégés lors de la retraite de l’armée. L’armée bavaroise, faisant défection, vint à son tour essayer d’arrêter notre retraite; mais elle fut culbutée et écrasée à HANAU (novembre 1813) et l’armée française arriva sur le RHIN où elle s’arrêta. Le corps de LAURISTON, où était un bataillon du 4e Léger, vint à MAYENCE, 190 000 hommes environ, avaient été blessés dans les places d’ALLEMAGNE. En ESPAGNE, le Maréchal SOULT ayant réorganisé l’armée, le 1er bataillon du 4e Léger, fut placé dans la division VANDERMASHEIM. Le Maréchal SOULT, en juillet, voulut tenter de dégager PAMPELUNE assiégée par les anglais, mais, malgré un brillant combat où le général VANDERMASHEIM fut tué, il fallut revenir en FRANCE. Une tentation sur SAINT SEBASTIEN ne réussit pas mieux et les français durent se retirer définitivement derrière la BIDASSOA. A cette époque, l’armée d’ESPAGNE était encore en bon état, mais sur le RHIN, nos armées étaient désorganisées et nos ressources détruites. Cependant, la bravoure de nos soldats avait tellement effrayé l’EUROPE, qu’elle n’osait franchir le RHIN. On négocia. A la fin de 1813, c’est-à-dire après la bataille de LEIPZIG et la retraite des français sur le RHIN, les deux bataillons du 4e Léger occupaient les situations ci-après: 1 - Un bataillon à l’armée d’ESPAGNE 2 - Un bataillon assiégé dans la place de DANTZIG 3 - Un bataillon assiégé dans DRESDE 4 - Un bataillon à MAYENCE sur les bords du RHIN. Pendant que NAPOLEON s’occupait de réorganiser les débris de son armée revenue sur le RHIN, les bataillons enfermés dans DANTZIG et dans DRESDE s’y défendaient avec courage et résolution. NAPOLEON avait bien écrit à ses troupes d’essayer de s’ouvrir un passage: “Les garnisons des places se feront jour d’un côté ou de l’autre; si elles s’entendent, si elles sortent de leurs murailles, elles sont sauvées.... 80 000 français passent partout...” Mais ces lettres ne parvinrent pas et le devoir des généraux était de rester dans les places. La garnison de DRESDE fit cependant plusieurs tentatives de sortie, une le 17 octobre où les russes du corps assiégeant furent culbutés; mais les russes ayant été secourus à temps, elle dut rentrer dans la place le 26. Une seconde sortie générale le 6 novembre fut également infructueuse. Ce fut seulement après ces tentatives que le Général SAINT-CYR reconnaissant l’impossibilité de sortir se décida à traiter. La bravoure de la garnison lui fit obtenir une capitulation très honorable puisqu’elle stipulait son retour en FRANCE. Elle se mit en marche, en effet, pour la FRANCE,mais arrivée à ALTEMBOURG, elle fut arrêtée ; l’ennemi, violant la capitulation la déclara prisonnière de guerre, faisant ainsi bon marché de la foi jurée et de l’honneur militaire. Le bataillon du 4e Léger fut emmené prisonnier en HONGRIE. “La violation de la capitulation prouvait assez qu’elle nous était favorable; et l’injustice de l’ennemi justifiait la garnison de DRESDE”. De nouvelles négociations n’ayant pas aboutis par suite de la haine des prussiens contre la FRANCE, les hostilités recommencèrent et après 20 ans de victoires, la FRANCE eut la douleur de voir son territoire envahi. La retraite sur le RHIN avait été tellement désastreuse qu’avec les débris de toute l’armée, on ne put former que 3 corps; un à STRASBOURG donné au Duc de BETHUNE, un 2e à MAYENCE au Duc de RAGUSE et un 3e au Duc de TARENTE. Le bataillon du 4e Léger, revenu d’ALLEMAGNE, fut placé dans le corps du Duc de RAGUSE. Jamais, on le sait, NAPOLEON ne déploya tant de génie que dans cette campagne ; jamais les troupes ne furent plus braves et plus disciplinées; aussi n’est-ce qu’après des efforts inouïs, des combats sans nombre et très glorieux pour nos armes que vaincue enfin par le nombre et les fautes commises, la FRANCE dut enfin courber la tête devant toute l’EUROPE entière. Nous allons analyser le rôle du bataillon du 4e Léger dans cette lutte gigantesque: le corps formé à MAYENCE sous le commandement du Duc de RAGUSE, prit le titre de 6e Corps d’Infanterie; il devait défendre le RHIN de STRASBOURG à MAYENCE et s’élevait à un effectif de 10000 baïonnettes et 1 200 sabres. Le RHIN ayant été franchi au dessous de STRASBOURG par les alliés, le Duc de BETHUNE dut se replier de STRASBOURG sur les VOSGES qu’il défendit pied à pied pendant qu’on formait à NANCY un nouveau corps sous les ordres du prince de la MOSCOWA. Pendant ce temps, le Duc de RAGUSE avec le 6e Corps se retirait de MAYENCE sur la MOSELLE. Puis toujours poursuivi et découvert par l’abandon de NANCY et de TOUL par le Prince de la MOSCOWA, le Duc de BETHUNE laissa une garnison à METZ et se retira sur CHALONS par MARS LA TOUR et VERDUN. La division RICARD, dont faisait partie le bataillon du 4e Léger, prit position à THIAUCOURT. En janvier, les armées alliées étaient réunies sur la MEUSE et la MARNE, et les troupes françaises autour de CHALONS. Nous ne retracerons pas tous les épisodes de cette célèbre campagne mais nous dirons que la division RICARD et par conséquent le bataillon du 4e Léger, prit pan aux combats. 1 - de CHAMPAUGERT, où le Bataillon du 4e Léger enleva le village de BAYE et commença ainsi le succès de la journée; on prit 21 canons, 3 généraux et 2 000 prisonniers. 2- de HAUTE EPINE, où la division PICARD enleva le village de POMMESANE et décida du succès. « La Division PICARD, dit l’auteur KOCH, prit ou tua tout ce qui fut rencontré les armes à la main. » 3 - de VAUXHAMPS, la division PICARD fut chargée d’enlever le village de ce nom et ici encore décida du succès par l’impétuosité de son attaque. Le 6e Corps, et par conséquent le bataillon du 4e Léger, prit encore part aux combats de FERE-CHAMPENOISE; de CEZANNE et de la FERTE-GAUCHER qui précédèrent l’arrivée des alliés devant PARIS, et enfin au combat de PARIS, après lequel l’armée se retira derrière la LOIRE, en vertu des conventions stipulées par l’armistice qui mit fin aux hostilités. Pendant ce temps, l’armée d’ESPAGNE, où était le 1er Bataillon du 4e Léger, livrait la bataille d’ORTHEZ et de TOULOUSE. Tous ces efforts furent vains ; la FRANCE était vaincue par l’EUROPE entière coalisée contre elle. La FRANCE vaincue, NAPOLEON abdiqua et fut remplacé sur le trône, par LOUIS XVIII. Le gouvernement de la Restauration s’occupa bientôt de l’armée et en fit de nombreuses réductions. Une ordonnance du 12 août réduisit, en effet, les Régiments à 90 et ceux d’Infanterie Légère à 15. Les 90 Régiments d’Infanterie de Ligne devaient être formés des 111 premiers régiments de l’Empire qui devaient prendre suivant leur ancienneté, les numéros de la série naturelle, comblant ainsi les vides qui y existaient. Les Régiments, portant les numéros de 112 à 136 furent incorporés dans les autres. Les 15 Régiments d’Infanterie Légère devaient être formés des 15 premiers Régiments de l’Empire dans lesquels ceux portant les numéros 16 à 37 devaient être incorporés. A peine cette organisation avait elle lieu, que le retour de l’Empereur de l’île d’ELBE vint tout mettre à néant. Les Régiments durent reprendre leurs anciens numéros ; mais le 4e Léger ayant conservé le sien, il ne s’opéra pour lui aucun changement. Le 4e Léger fit avec toute l’armée la campagne de 1815. Une seule bataille, WATERLOO, remplit cette campagne, bataille gigantesque où la France secoua le joug de l’étranger, fit une fois encore trembler l’EUROPE entière. Le 4e Léger faisait partie du 2e Corps commandé par le Maréchal NEY. Ici comme en 1814, l’Empereur se montra le plus grand homme de guerre dont l’histoire ait gardé le souvenir. Ici, comme en 1814, les soldats de la FRANCE, étonnèrent le monde par leur courage, leur héroïsme et leur mépris de la mort I Mais tout fut vain, la victoire nous avait décidément abandonné. Quoiqu’il en soit, en lisant le récit de la terrible bataille de WATERLOO, on peut dire, que s’ils furent écrasés par le nombre, ces héros d’ARCOLE, des PYRAMIDES, d’AUSTERLITZ, d’IENA, de FRIEDLAND et de WAGRAM, ils eurent du moins le droit de répéter en mourant ce cri qui fut poussé pour la première fois par un célèbre Roi de FRANCE sur les champs de bataille d’ITALIE. “Tout est perdu fors l’honneur”. |
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