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Le lendemain 27, nous continuons vers le nord. Près de Rochesson, nous devions passer une route où circulaient sans arrêt des convois allemands. Nous entrons par derrière dans une maison en bordure de la route, chez Madame Germand qui eut bien peur en nous voyant mais ne voulut pas nous laisser prendre. Elle avait des fils soldats, dont elle était sans nouvelle. Sur notre demande, elle nous cherche de vieux vêtements et nous transforme en bûcherons vosgiens. Elle nous ravitaille. Je ne peux la payer, car j’avais vidé mon portefeuille pour le prêt des soldats, vous aussi d’ailleurs, le 13 juin, avant de descendre de la ligne Maginot, le comptable n’ayant plus assez d’argent pour cela.

D’ailleurs, cette brave femme n’aurait rien accepté. Ainsi habillés, nous continuons en direction de Bruyères. Mais, entre Rochesson et Le Tholy, nous rencontrons des patrouilles allemandes dans la montagne. On ne nous demande rien. Aussi décidé-je de suivre les routes. Nous couchons chez un petit fromager non loin de Rehaupal. Le lendemain 28 nous voulons atteindre Roville-aux-Chênes dans la journée, malgré les ampoules qui rendent notre marche excessivement pénible. (Nous avions tordu nos chaussettes et les avions remises à demi-sèches.) nous traversons bruyères où nous sommes arrêtés deux fois, à l’entrée et au milieu. Les fritz nous demandent nos papiers. Je leur réponds en français que nous n’en avons plus et que nous regagnons nos foyers à Breuvélieures. Ils nous laissent passer. Avant ce village, nous sommes à nouveau arrêtés. C’est plus sérieux et on nous garde un quart d’heure. Mais je répète que nous allons chez nous, qu’on nous a laissé passer ailleurs. S’ils nous avaient fouillés, ils auraient trouvé nos papiers militaires que j’avais recommandé de toujours conserver. Finalement, quel soupir ! nous partons.

A Jeanménil, mes pieds me font tellement mal que nous sommes obligés de nous arrêter. Nous entrons dans une maison où j’ai la chance de retrouver un de mes anciens élèves, Charlier, chez sa grand-mère. Celle-ci nous donne de l’eau chaude pour me baigner les pieds, nous procure des chaussettes propres, nous restaure et en route. A 15 H nous sommes chez Domptail où je compte me reposer avant de repartir. Servi par la chance, je vois arriver un bonhomme qui va en auto à Nancy. Il a un laisser-passer pour rapatrier des civils. J’endosse un costume civil plus convenable et nous partons vers 6 heures ; A Jarville, un gendarme vert nous arrête. Il me demande les papiers, je lui montre le chauffeur. Il fait le tour de la voiture pour d’adresser à ce dernier et tout se passe bien ; le 28 juin  au soir, j’étais à Malzéville, chez ma cousine.

Démobilisation

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