Démobilisation

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Quelques jours après, j’allai trouver l’Inspecteur d’Académie à Nancy pour reprendre le travail. Il alla lui-même trouver le préfet qui répondit que je n’étais pas démobilisé et qu’il ne pouvait rien pour moi. Un peu après, je vais à la gendarmerie. J’apprends qu’on ne peut rien non plus. Le secrétaire de l’inspection me dit d’aller à la kommandantur et que, puisque je n’ai pas été prisonnier, on me délivrerait un papier me permettant de reprendre mon service. Je m’y rends seulement le 15 juillet. (Je suis complètement à la charge de cousine, Madame Contal étant partie en mai dans la région de Bordeaux et n’ai plus d’argent.)

Là, à mon grand ébahissement, on me dit que je suis prisonnier car une clause de la convention d’armistice y stipulait que tous les militaires de la zone occupée par les Allemands au moment de la signature de l’armistice étaient considérés comme PG. Heureusement que le Schleu me dit de rester où j’étais mais de ne pas m’absenter. Au début d’août, je remarquai des départs d’officiers français vers l’Allemagne. Aussi, ma décidai-je à filer en zone libre ; le 13 août au matin, je pars à bicyclette ; le 15 au soir je suis en zone libre. Je me fais démobiliser à Bourg et le 21 septembre j’étais revenu à Nancy.

A Bourg, j’ai retrouvé le sergent Stoss qui ne s’était rendu que le 28 juin et évadé de Verdun. J’ai voulu le faire citer et décorer. Le Commandant du Centre de Démobilisation me dit qu’il fallait, pour cela, attendre le retour du Commandant de Cie et de Bataillon. J’étais écœuré, car j’avais vu dans le sud tout le monde décoré, dont certains n’avaient même pas vu le Boche.

Maintenant, au dépôt de PG où j’ai repris le service, je vois passer bon nombre d’Alsaciens. Je regarde si parmi eux ne se trouvent pas quelques uns de ceux qui se sont battus sous mes ordres et ont fait tout leur devoir en 40.

Je voudrais qu’on sache ce qu’ils ont fait et considère comme un devoir de le faire connaître.

Ci-joint la liste de ceux qui se sont distingués et les citations que je propose.

Sergent-chef Guislain : excellent sous-officier, plein d’allant. Au combat de Saint-Sauveur, a pris le commandement d’un groupe de F.V. pour remplacer le chef de groupe incapable. A protégé le repli des groupes de mortiers.

Sergent Guéninger. Jeune sous-officier d’une grande bravoure ; a fait continuer le tir de ses pièces malgré le tir ennemi. S’est armé d’un mousqueton pour se battre dans Saint-Sauveur. A abandonné son sac pour aider au transport des munitions de mortier.

A Faucogney, par un tir très bien commandé, a réduit au silence un canon anti-char allemand.

Sergent Stoss. sous-officier énergique et d’un grand sang-froid ; a participé à la destruction d’une colonne ennemie au combat de Saint-Sauveur.

Ayant épuisé les munitions du mousqueton qu’il avait ramassé, n’a pas hésité à aller chercher un fusil des Allemands qu’il avait tué pour continuer la lutte.

Caporaux et soldats : Kautzler, Gérard, section de mortiers,  CEF 1er bataillon, Lentz, Musson, Richert, Zehner, Spies, Schlichter, Schott, Gangloff (3ème bataillon CEF) . Au combat de Saint-Sauveur, ont participé à la destruction d’une colonne ennemie en continuant à assurer le tir de leur groupe de mortiers malgré le feu ennemi. Ont fait preuve d’un véritable esprit militaire en abandonnant leurs sacs pour emporter à dos matériel et munitions, quand fut donné l’ordre de repli.

Soldat Gangloff. dans Saint-Sauveur, armé d’un mousqueton abandonné, s’est battu avec une grande énergie par les fenêtres des maisons, réussissant à découvrir un chemin de repli en direction de Faucogney.

Soldat Denis. Conducteur. Sous le feu ennemi, a réussi à rattraper un cheval qui s’était sauvé de la maison bombardée où étaient les équipages, s’est battu dans Saint-sauveur où il fut grièvement blessé à la tête.

 

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