Le Mesnil 1915

Site portail François MUNIER
Accueil Remonter Suivante

S-Lt Millot

79ème Régiment d’Infanterie

Ordre du régiment n° 79

Au pied de la « Butte du Mesnil », le 4 octobre, midi.

Suivant une habitude de quatorze mois, le Colonel tient, après sept Jours de durs combats, à causer par la voie de l’ordre avec Ies Officiers,  Sous-officiers et Soldats de son Régiment, à rappeler devant eux, les efforts accomplis ces jours derniers, à envisager avec eux la situation présente.

Après qu’une préparation de trois jours et de trois nuits eut bouleversé en partie les organisations défensives allemandes et abaissé le moraI de leurs défenseurs, le 79ème, comme à CAPPY, à MONCHY, à la MAISON DE PASSEUR, et à la MAISON BLANCHE, s’est lancé le 25 septembre à 9 heures 15, d’un élan à l’attaque. Joignant ses forces à celles des braves du 37ème il a, pendant 48 heures lutté pied à pied dans un dédale de boyaux et de fortins et saisi l’allemand à la gorge, jusqu’à ce que celui-ci s’avoue vaincu, s’enfuie ou se rende. Tel fut, à droite du Régiment, le rôle du bataillon FAURE.

A gauche, le bataillon BOUFFIN, prenant de flanc le « RAVIN DES CUISINES » devait parvenir d’un seul coup au sommet de la « BUTTE DU MESNIL »,s’y cramponner, et former un noyau que rejoindraient petit à petit, les autres éléments de la 22ème Brigade,  après la conquête des lignes  avancées allemandes.

Pendant que la Compagnie PARIZOT, unissait ses efforts à ceux du Bataillon FAURE, pour pénétrer par l’Ouest dans les défenses du « RAVIN », les compagnies GUILLAUME , DIGOIT et BOULANGER partaient à la droite du IIème Corps, franchissaient la première ligne allemande dont les défenseurs fuyaient épouvantés et commençaient à descendre , les pentes de la DORMOISE; mais à leur gauche, un destin malheureux avait arrêté l’élan du Bataillon du IIème Corps, en sorte que le Bataillon BOUFFIN au milieu des allemands qui se ‘reprenaient, restait sans autre appui que celui trop lointain de quelques braves de la 6ème Compagnie du 79ème et d’éléments avancés du 37ème d’Infanterie. Le Bataillon BOUFFIN aurait pu reculer, il préféra exécuter fidèlement sa consigne, et conserver le terrain conquis en attendant des secours. Qu’est-il devenu ? A I‘heure actuelle, on l’ignore encore, mais le Colonel doit constater que fidèles à leurs Chefs et à leur drapeau jusqu’à la mort, les Braves du Bataillon BOUFFIN sont demeurés groupés autour de leurs Officiers, dont pas un seul n’est revenu. Le Régiment salue avec respect son 3ème Bataillon.

Le 25 septembre au soir, le Bataillon FAURE <[1]> était maître de presque tout le « RAVIN DES CUISINES » à l’exception de l’îlot occidental où s’entassaient les Allemands. Ces derniers semblaient se renouveler sans cesse au débouché du boyau « Z PRIME »; il fallait donc continuer la lutte et s’emparer de ses derniers défenseurs. Ce fut la tâche du 26. Devant les efforts combinés des 5ème, 6ème et 7ème Compagnies, l’îlot allemand s’effritait peu à peu, et le 27 au matin, les derniers défenseurs de « Z prime » s’étaient enfuis par un tunnel qui fut aussitôt muré et cimenté

Ainsi, maître chez lui, le 79ème reprit sa tâche ascension vers la « BUTTE DU MESNIL » par un combat pied à pied dans le boyau « Z PRIME » et dans la nouvelle piste allemande ; il s’éleva sur le sommet, jusqu’à ce ses postes fussent arrivés au contact étroit du « BOYAU DE MINDEN » qui forme comme la parapet avancé de le « BUTTE ».

Le 26 après une préparation minutieuse d’artillerie, nous avons essayé vainement de pénétrer dans le  « BOYAU DE MINDEN » ; le 29 au soir, nous avons tenté la lutte par surprise, à coups de grenade, la 2ème Section de la 8ème Compagnie, sous le commandement de l’adjudant MOINE, grossie d’un certain nombre de volontaires, a bondi sur la partie occidentale de ce boyau (nuit du 30 Septembre au 1er Octobre, 1 heure du matin) et a criblé de .grenades les allemands, surpris les a rejetés hors du boyau, mais elle a échoué devant le retour offensif de forces supérieures qui s’étaient réfugiées dans un boyau parallèle.

Depuis cette date, rien n’a changé, sinon que les Français, consolidant leurs conquêtes, ont installé à moins de cent mètres des allemands, un nouveau front garni de mitrailleuses et de canons  de tranchées, pourvu de bonnes communications, garni surtout de braves soldats résolus à vaincre.

Tel, est le résumé de ces 6 Journées de combat que commanda M. le Chef de Bataillon WEILLER([2]).

170 prisonniers ([3] des lance-bombes un important matériel de toute sorte tombé entre les mains sans parler des nombreux cadavres d’allemands qui parsemaient les tranchées conquises, attestant que nos efforts ne furent pas sans résultat, Mais à la guerre, les résultats matériels sont peu à  côté des résultats moraux; le vrai succès, c’est celui que nous avons conquis, en imposant notre volonté aux allemands qui se croyaient tranquilles derrière leurs organisations formidables.

Ainsi, pour sa petite part, le 79ème a contribué à l’œuvre gigantesque qui se poursuit actuellement; il a mordu à l’obstacle qui se dresse devant lui et qu’il ne lâchera pas.

Chacun de nous a appris que les camarades des autres régiments ont fait aussi leur devoir : 23 000 prisonniers 144 pièces de canon, le front allemand défoncé presque partout, constituent la récompense de la poussée si longtemps attendue et enfin commencée. Cette poussée n’est pas finie; il faut enfoncer les lignes allemandes et contraindre notre adversaire à reculer au loin, et à abandonner à la suite de cette bataille, une partie des territoires qu’il détient encore; ce sera l’œuvre  de demain.

De cette lutte d’autres enseignements ressortent, que le Colonel n’a jamais manqué l’occasion de rappeler; à savoir que la bravoure n’est pas le seul élément de succès dans cette guerre moderne, et qu’elle est impuissante si elle ne se double pas d’un travail acharné de tous les instants. On ne peut qu’admirer les travaux gigantesques accumulés par les allemands, ce tunnel qui, passant sous la montagne, leur a permis d’amener des renforts dans le « RAVIN DES CUISINES » on dépit de notre artillerie et plus tard, de retirer leurs blessés et leurs mitrailleuses sans les abandonner au BATAILLON FAURE? Imitons cet exemple, prenons pour les luttes futures; la résolution de travailler sans cesse et d’estimer la pelle et la pioche à l’égal du fusil. La bataille est à moitié gagnée, il faut vaincre et nous vaincrons.

Avant de transmettre à ceux qui viendront renforcer plus tard, les rangs du Régiment,  les Noms de tous les Braves qui se sont distingués à l’attaque de la « BUTTE DU MESNIL » le Colonel tient à affirmer une fois de plus qu’aucun des efforts accomplis n’est demeuré stérile et que sans doute de tous les prodiges d’héroïsme, celui qui, dans l’avenir, demeurera le plus fructueux, est l’effort du Bataillon BOUFFIN, parce qu’il est allé suivant sa consigne, imprimer ses baïonnettes au cœur  même des positions aIlemandes, implantant dans l’âme de l’ennemi de demain, un sentiment d’admiration et de terreur dont nous récolterons le bénéfice lors des prochains combats.

Le Colonel a demandé des récompenses pour un certain nombre de braves, qui se sont particulièrement distingués. Dès maintenant, il cite à l’ordre de la grande famille qu’est le Régiment :

Le 3ème  Bataillon du 79ème  Régiment d’Infanterie.

Sous la conduite de M. le Commandant BOUFFIN, de MM. les Capitaines GUILLAUME, du Lieutenant HERANGE, et de tous ses Officiers, s’est élancé d’un élan magnifique à  l’assaut de positions allemandes; a escaladé la « BUTTE DU MESNIL », l’a dépassée, atteint le chemin de fer de Ripont, violemment contre-attaqué s’est refusé à reculer et est demeuré presque tout entier au milieu de l’ennemi, groupé fidèlement autour de son chef de Bataillon et de ses Officiers, dont pas un seul n’est revenu.

La 2ème SECTION DE LA 8ème COMPAGNIE (Adjudant MOINE) et les VOLONTAIRES QUI S’Y ETAIENT JOINTS.

Est montée,  dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre l’assaut d’un. tranchée allemande, fortement défendue et l’a attaquée à coups de grenades, y a pénétré, s’y est maintenue pendant 2 heures 1/2 d’un combat opiniâtre, contre des forces, supérieures en nombre et ne s’est retirée qu’après avoir perdu les trois-quarts de son effectif ; a montré dans cet effort une résolution et une discipline digne d’admiration.

LES OFFICIERS, SOUS-OFFICIERS, CAPORAUX ET SOLDATS DONT LES NOMS SUIVENT, POUR LE MOTIF SUIVANT ;

« Au cours des combats livrés peur la possession de la « BUTTE DU MESNIL » du 25 Septembre au 1er Octobre, ont montré les plus belles qualités de bravoure, de ténacité et de discipline ».

OFFICIERS.

MM. Le

Capitaine BUREAU

Morts au champ d’honneur

Lieutenant COURTOIS

Lieutenant GUY

Lieutenant PARIZOT

S/Lieutenant MILLOT

Capitaine DIGOIT

Blessés 

Lieutenant CROUZIER

Lieutenant TOUT

S/Lieutenant CALBRIX

S/Lieutenant BIDU

Chef de Bataillon FAURE

Commandant le 2ème Bataillon

Lieutenant GRAND

Commandant la 6ème Compagnie

Sous-Lieutenant ROUGEOT

Commandant la 8ème Compagnie

Sous-Lieutenant EDEL

de la 2ème Compagnie

Sous-Lieutenant TEXIER

de la 6ème Compagnie

Médecin CHABEAUX

du 2ème Bataillon

SOUS-OFFICIERS, CAPORAUX ET SOLDATS :

3ème Compagnie AYRAL Hippolyte Adjudant
DURLOT René Sergent
KRONER Gustave Caporal
RUTTE Caporal
CROIZET Soldat de 2’ Classe
GENIN Soldat de 2’ Classe
FLAHAUT Soldat de 2’ Classe
LANGE Soldat de 2’ Classe
DEMAREST Soldat de 2’ Classe
ADAM Soldat de 2’ Classe
TOURAULT Désiré Soldat de 2’ Classe
MARQUOT Gustave Soldat de 2’ Classe
2ème Bataillon CRUCHOT Emile Adjudant de Bataillon
5ème Compagnie GAGNARD Louis Adjudant
BAZEL Placide Sergent
BERTHELOT Joseph Caporal
COLAS Louis Caporal
GENEST Alphonse Caporal
ALLIGNET Louis Soldat de 2ème Classe
MUNIER André Soldat de 2ème Classe
FAISEAU Alcide Soldat de 2ème Classe
6ème Compagnie CONTI Pierre Cycliste
RIVOT, Paul Caporal
DERIVIERE Henri 2ème Classe
VOYNET Gaston 2ème Classe
BARA Théophile 2ème Classe
BOULLEMIER Alfred 2ème Classe
MERANT Georges Caporal
GRANGER Louis 2ème Classe
MARQUET Georges 2ème Classe
DESMOLLES Charles Sergent
7ème Compagnie  DENESLE René Cycliste
FELTEN Edmond 2ème Classe
ETTINGER Maurice Sergent
COUILLET Paul Sergent
GABRIEL Alfred 2ème Classe
HAMOTTE Jean-Baptiste 2ème Classe
FOUCAULT Raymond Caporal
8ème Compagnie  MOINE Gaston Adjudant
GEORGES Émile 1ère classe
DENIZARD René 1ère classe
MILLER Constant Brancardier
LABRI Henri Sergent
ANDRE Henri Sergent
LEGRAND Georges Caporal
MAROT Maurice Caporal
DECAMPS Edmond Caporal
PAULHAM Joseph 1ère classe
LEVALLOIS Victor 2ème Classe
GALLOIS Abel 2ème Classe
FRANK Maurice 2ème Classe
ROTH Edmond dit Charles 2ème Classe
GRAND 1ère classe
VAN HEREYEWEGHE P. 2ème Classe
GAMES Victor 2ème Classe
9ème Compagnie  MOLORD Charles Caporal
FEVRE Louis Caporal
LACROIX Pierre 2ème Classe
BOUTET Pierre 2ème Classe
THOUVENOT Louis 2ème Classe
HENRY Louis 2ème Classe
ROBIN Jean-Marie 2ème Classe
VERON Robert 2ème Classe
VILAIN François 2ème Classe
10ème Compagnie  MARTINI Henri Adjudant
PLENSIER Pierre Sergent
HARLON Henri 2ème Classe
BOURREZ Henri 2ème Classe
MAYER Léopold Sergent
MASSEY Léon Sergent
SEGUIER Alcide 2ème Classe
DAVID Jean 2ème Classe
BONET Louis Sergent
11ème Compagnie BINDLER Joseph 2ème Classe
12ème Compagnie LAGAPPE Louis Adjudant
Compagnie de mitrailleuses MUNIER Caporal, agent de liaison du colonel
Compagnie de pionniers PIERRAY Charles Soldat de 1ère classe
Compagnie hors-rang  DURIEZ Sergent téléphoniste
FAUCHE Téléphoniste
DESTIVELLE Lucien Cycliste du colonel
Service de santé FLORENTIN René Brancardier
MUNIER André Médecin auxiliaire
GUILLOBEY Jean Aspirant
BOLAN Ferdinand Brancardier
MARCHAND Pierre Brancardier
GUERPONT Henri Caporal-infirmier
FRANÇOIS Caporal-brancardier

 

Le Colonel est heureux de citer à l’ordre du Régiment, M. le Chef de Musique, LACHET Alphonse.

« Présent au front depuis le début de la campagne, n’a pas cessé de prêter au service de santé régimentaire, et à maintes reprises en des régions très exposées, le concours le plus actif et le plus dévoué.

Le LIEUTENANT-COLONEL, PÉTIN, commandant le 79ème d’infanterie.

Signé : PÉTIN

Récit du colonel MARGOT

[1] Le Bataillon DELMAS (1er Bataillon) était appelé le 26 à la droite de la IIème division; ce Bataillon réserve de la 22ème  Brigade, n’avait eu à s’engager le 25 que par sa  3ème Compagnie, qui avait tenté bravement un essai infructueux pour faire tomber « Z prime »

[2] Le Colonel dirigeait lui-même les opérations de la 22ème brigade du 23 septembre au 1er octobre.

[3] La 22ème Brigade a fait 700 prisonniers, conquis 4 mitrailleuses et de nombreux lance-bombes.

 

Vous êtes le  ème visiteur depuis le 11 mai 2002