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ARMÉE D’ITALIE ET DE NAPLES Avant son départ pour l’armée d’Italie, le 79e fut inspecté par le Général de division CHABOT, inspecteur général, qui écrivit le 1er septembre au ministre de la guerre: “Je n’ai que le rapport le plus satisfaisant à vous faire sur le 79e régiment qui est à CASAL. L’esprit et la discipline de ce corps ne laissent rien à désirer ; l’administration en est bonne et conforme aux règlements et les tenues des plus belles ; il a fait de grands progrès dans son instruction qui est maintenant à sa perfection”. Le 3 septembre, le 79e part de CASAL dans les meilleures conditions et se rend à BRESCIA par VERCEIL et MILAN, à l’effectif de 108 officiers et 1644 hommes. Le 18 du même mois, il est placé dans la division de réserve commandée par le Général MOLITOR. Le 79e fait brigade avec le 60e sous les ordres du Général VALORY ; le 23 la situation détaillée du régiment est la suivante:
Le régiment a 15 officiers et 614 hommes embarqués au FERROL ; il a aussi 4 officiers et 72 hommes au fort de VERONNE. Notons en passant, l’ordre du Maréchal MASSENA daté du 5 octobre 1805 et adressé par le Général CARPENTIER, Chef de l’Etat-Major Général, à M. le Général MOLITOR: “Je vous préviens, mon Cher Général, que l’intention de M. le Maréchal Général en Chef est qu’il soit formé des compagnies d’éclaireurs par régiment d’infanterie. On choisira 25 hommes par bataillon parmi les anciens soldats les plus ingambes et les plus braves Cependant les hostilités n’étaient pas encore commencées, le Maréchal MASSENA écrivait en effet au Général MOLITOR, le 13 octobre, que d’après les instructions qu’il avait reçues, il avait été conclu entre l’armée française et l’armée autrichienne une convention particulière portant qu’il ne pourrait être exercé aucun acte hostile qu’après qu’on se serait prévenu six jours à l’avance. Or cette convention expirait le 14 à midi. Nous devons dès lors nous considérer comme en état de guerre et nous tenir prêts à agir en conséquence. Du 14 au 29 octobre, l’armée française était sur le qui-vive et s’éclairant avec soin en avant d’elle et vers l’Adige. Les troupes étaient sous les armes une heure avant la point du jour jusqu’à la rentrée des découvertes ; elles se tenaient en tout temps prêtes à marcher au premier signal. BATAILLE DE CALDIERO -30 octobre 1805Enfin, le 30 octobre, le Maréchal MASSENA se décidait à attaquer et adressait au Général MOLITOR l’ordre suivant “Le Général MOLITOR se postera avec sa division sur les hauteurs de CODOGNOLA. Il longera la crête en se dirigeant sur sa droite pour prendre en flanc les redoutes de l’ennemi. Le Général MOLITOR aura soin de se faire éclairer sur sa gauche et de tenir ses troupes le plus réunies qu’il sera possible. Le Général MOLITOR aura soin de me donner de ses nouvelles à VAGO et me fera prévenir du moment où il pourra commencer à attaquer”. Le Général MOLITOR partit aussitôt ; voici un extrait du rapport qu’il fit au Maréchal MASSENA après l’action. “J’envoyai l’ordre de me suivre au Général de brigade VALORY qui se trouvait, avec le 79e régiment, à l’extrême droite de ma division et, sans attendre que les Généraux de LAUNAY et VALORY axent effectué leur mouvement, je me portais avec les trois premiers bataillons du 60e régiment au devant de la colonne autrichienne que ce mouvement exécuté avec résolution fit reculer dans les retranchements, lorsque je m’aperçus qu’au lieu d’être suivi et soutenu par le Général VALORY avec le 79e, mes derrières étaient harcelés et attaqués par la cavalerie ennemie. Cependant le 79e régiment qui, au commencement de l’action, se trouvait à la gauche de la division GARDANNE et s’était laissé entraîner à prendre part à la lutte que soulevait cette division, profita avec ardeur et bonheur de sa position de flanc pour charger à revers les assaillants de la division GARDANNE; il fit mettre bas les armes à un bataillon ennemi et contribua à faire un plus grand nombre de prisonniers”. Récit de la bataille de CALDIERO (extrait de la correspondance du Colonel GODART). “Le lendemain, 8 brumaire, le Maréchal qui nous commandait fit placer trois divisions en ordre de bataille, en attendant les rapports de nos deux autres divisions qui manoeuvraient sur nos flancs et sur ceux de l’ennemi. Le Prince Charles nous fit aussitôt attaquer de front; nos divisions du centre furent repoussées. Celle dont le faisais partie (division MOLITOR) tenant la gauche, reçut l’ordre de se porter en avant. Je commençais mon mouvement avec mes 14 compagnies de fusiliers, faisant face au flanc droit d’une colonne ennemie de 4 000 à 5 000 hommes qui marchait sur la grande route pour soutenir ses tirailleurs ; arrivé à 150 pas de cette colonne, je fis faire une décharge de mousqueterie et fis ensuite foncer dessus à la baïonnette et au pas de charge. Jamais déroute ne fut plus complète ; je fis près de 1 200 prisonniers dont une quarantaine d’officiers. On apercevait un régiment de hussards ennemis qui venait au secours de cette colonne, cachant sa marche à la faveur d’un village où nous avions, heureusement, six de nos compagnies postées ; à peine ce régiment fut-il arrivé à demi partie de balle du village que ces compagnies firent une décharge qui le fit promptement rétrograder et nous sauva d’un assez mauvais pas, puisque cette cavalerie manoeuvrait de manière à nous couper par nos derrières. La retraite de cette colonne, dont j’avais réussi à prendre tant de prisonniers, celle du régiment de hussards qui venait à son secours, changèrent entièrement la face des choses. Nos divisions, qui étaient déjà elles-mêmes en retraite, revinrent à la charge et nous repoussâmes l’ennemi jusque dans ses retranchements de CALDIERO ; nous l’y maintînmes et nous restâmes maître du champ de bataille. Je perdis dans cette journée 127 sous-officiers et soldats tués ou blessés, plusieurs officiers blessés grièvement et presque tous généralement furent, ou touchés légèrement, ou eurent leurs habits criblés de balles. Pour ma part j’eus mon chapeau percé d’un biscaïen et trois balles percèrent mes habits, très heureux d’en être quitte à si bon marché”. A la suite de la bataille de CALDIERO, le Prince CHARLES, craignant d’être tourné, évacua précipitamment ses positions le 1er novembre. Le 79e faisant toujours partie de la division MOLITOR, se trouve le 11 novembre sur la route de VALVASONE à TORRE ; le 1er décembre, il est à GORIZIA. Le 11 du même mois, l’armée d’Italie, par ordre de l’Empereur, devient le 8e corps de la Grande Armée. La division MOLITOR reste alors aux environs de LAYBACH jusqu’à la signature du traité de paix de PRESBOURG le 26 décembre 1805. Le 79e va, peu de temps après, remporter de nouveaux lauriers à l’armée de Dalmatie mais avant de le suivre dans cette pénible campagne, rejoignons le détachement de 5 compagnies que le Colonel GODART avait envoyé au FERROL (Espagne) avant de partir pour l’Italie, le 8 mars 1804. BATAILLE NAVALE DE TRAFALGAR - 8 octobre 1805A l’époque où le régiment se couvrait de gloire à CALDIERO, les 600 hommes détachés contribuaient vaillamment à la bataille de TRAFALGAR. Moins heureux que leurs frères, ces braves ont succombé au poste d’honneur sans avoir l’ivresse de la victoire, mais le récit de leurs hauts faits montre suffisamment qu’ils méritaient un sort plus heureux; 9 officiers tués ou blessés, 180 sous officiers tués ou noyés, 237 disparus, telles sont les pertes du 3e bataillon à la bataille de TRAFALGAR. Le détachement fourni par le 79e était composé des cinq compagnies suivantes 1er, 2e, 3e et 4e compagnies du 3e bataillon, une compagnie fournie par le 4e bataillon. Arrivées au FERROL, ces compagnies furent embarquées sur les navires de l’Amiral VILLENEUVE comme compagnies de garnison ; les 1er et 3e à bord du REDOUTABLE, le vaisseau amiral, les autres sur le FOUGUEUX et sur 1’ARGONAUTE. A la suite de cette sanglante bataille, 204 hommes, seuls survivants des cinq compagnies du 79e, purent échapper aux anglais. Ayant réussi à débarquer sur les côtes d’Espagne, ils furent réunis au détachement et rejoignirent le régiment au mois de juillet 1806, au début de la campagne de Dalmatie. |
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