1796 Allemagne Tyrol

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Le mode d’amalgame, rédigé en conformité de la loi du 21 février 1793 et approuvé par la Convention le 12 août suivant, avait réglé ainsi qu’il suit la formation de la 79e demi-brigade:

79e demi-brigade:      1er bataillon du 40e régiment ci-devant Soissonnais

                                3e bataillon de Saône-et-Loire

                                3e bataillon du Gard

Mais l’embrigadement de ces trois corps ne put avoir lieu que deux ans après.

En effet, le 1er bataillon du 40e régiment, après avoir combattu à l’armée des Alpes en 1793, avait été appelé sur le Rhin, le 12 septembre, il était bloqué dans le fort VAUBAN et fait prisonnier de guerre. Le 3e bataillon de Saône-et-Lire et le 3e bataillon du Gard faisaient aussi partie de la garnison du fort VAUBAN et y furent faits prisonniers comme le précédent le 13 novembre; ce n’est qu’à leur rentrée de captivité qu’on put former la 79e demi-brigade, le 14 février 1796.

Au mois de mars, elle est à DIEBOLSHEIM faisant partie de la 2e division de l’armée du Rhin-et-Moselle, à l’effectif de 3 435 hommes.

Mais l’embrigadement avait blessé les volontaires dans leur amour propre, aussi le nombre de déserteurs fut considérable et en peu de temps il ne resta sous les drapeaux que les vieux soldats et ceux des volontaires qui avaient le sentiment du devoir. De ce fait l’effectif des demi-brigades présenta de grandes différences d’un corps à l’autre et, en février 1796, un décret de la Convention ordonna de reprendre les 238 demi-brigades existantes et de les refondre en 140 demi-brigades nouvelles, dont 110 de ligne et 30 légères.

Les nouveaux numéros furent désignés par le sort et, par un singulier hasard, la 79e demi-brigade de première formation tira le même numéro 79 au commencement de mai 1796.

La nouvelle composition fut la suivante

-            79e ancienne

-            89e ancienne

-            Demi-brigade du Pas-De-Calais (198 bis)

-            7e bataillon de la Charente.

L’incorporation de ces divers corps dans la 79e de deuxième formation n’eut lieu que successivement; la demi-brigade du Pas-de-Calais fut incorporée dans les premiers jours de juin, le 7e bataillon de la Charente le 21 novembre ; la 89e demi-brigade ne fut amalgamée aux deux autres que le 25 janvier 1797.

Un mois après le tirage au sort, le général de division SCHAUENBOURG, inspecteur général chargé de l’organisation de la demi-brigade, fit réunir et manoeuvrer devant la caserne FINKMATT à STRASBOURG, les bataillons destinés à en faire partie. L’ancienne 79e et les bataillons de la demi-brigade du Pas-de-Calais sous les ordres de leur Chef GODART, qui prit le commandement de ces différentes troupes réunies le 13 juin 1796.

La 79e demi-brigade de deuxième formation, à l’effectif de 2 315 hommes, fait alors partie de l’aile droite de l’armée du Rhin, commandée par le Général FERINO.

Les hommes de la 79e demi-brigade sont employés à réparer les digues du Rhin et, 1.13 juin, les habitants de la commune de RHINAU envoient au Chef de la demi-brigade GODART une adresse chaleureuse de remerciements.

Le passage du Rhin étant décidé, l’attaque du pont de KEHL est confiée au Général FERINO, ayant sous ses ordres les 56e, 79e, 89e demi-brigades de ligne, le 4e dragons et le 8e chasseurs. Le 23 juin, la 79e est arrêtée près du pont de GRAFFENSTADT, sur l’ILL ; elle ne passe le Rhin que le 25 et prend position au village de SANT. Le lendemain, après une légère fusillade, elle se porte sur le village de MOELEIN, y rencontre l’ennemi, l’attaque et le chasse de ses positions ; la marche est ensuite dirigée sur OFFENBOURG ; le 27, les troupes s’établissent au bivouac de RUSCHOFF après s’être emparées des villages de ROHRBURG, ALTENHEIM et SCHUTTERWALD. La 79e faisant partie de la brigade de droite, se trouve le 28 à ALTENHEIM et le 30 elle rencontre les émigrés.

Les trois compagnies de grenadiers qui gardaient la position de MALHEIM parvinrent, après plusieurs essais et quelques combats, à débusquer l’ennemi d’un bois près de WITTENWIHR et ALTWIHR. La marche en avant continue jusqu’à 1’ELTZ, dont les ponts ont été détruits par l’ennemi.

Le 5 juillet, l’aile droite de MOREAU entre à FRIBOURG.

Cette partie de la campagne n’avait été faite que par les deux premiers bataillons de la 79e ; le 3e, qui était resté à RHINAU, rejoint la demi-brigade à KIPPENWIHR où elle prend les avant-postes le 9 juillet.

Après une reconnaissance vers GRAVENHAUSEN, la 79e séjourne à ETTENHEIM où elle arrive le 14.

La discipline qui, à cette époque, laissait tant à désirer parmi les troupes de l’armée du Rhin, était restée intacte dans la 79e demi-brigade ; les écrivains de l’époque, qui citent de nombreux actes d’indiscipline n’en mentionnent pas dans le corps de FERINO.

Le 14 juillet, la 1ère division, commandée par le Général LABORDE, était à LANDSSCHOTT et se composait de 3 brigades, la 1ère était commandée par le Général THARBEAU (38e et 79e) les 2e et 3e brigades se trouvaient sous les ordres des généraux PAILLARD et TOLME.

Le 29 juillet, cette division se met en marche et se dirige vers le lac de CONSTANCE, où elle arrive le 1er août et s’établit en arrière d’ENGEN. L’ennemi qui avait pris position à UBERDRINGEN est repoussé sur RAVENSBURG ; un bataillon français y force 300 autrichiens à s’embarquer pour BREGNZ et occupe CONSTANCE.

Le 3 août, la division LABORDE passe l’AACH et longe le lac ; la brigade THARREAU livre un petit combat près de FREISENBACH ; passant la SCHUSSEN, les 38e et 79e demi-brigades s’étendent depuis le lac jusqu’à BRACHENZEL. A ce moment, le Général autrichien FROLICH, cherchant à se rapprocher de l’Archiduc, abandonne au Général WOLF la défense du TYROL. Vivement pressé par la 1ère division, attaqué avec succès à ERISKIRCH par la brigade PAILLARD, l’ennemi bat en retraite et, le 7 août, nos troupes sont en position, derrière 1’ARGEN. Le lendemain, la division autrichienne du Général WOLF cherche à s’opposer au passage du cours d’eau et attaque vigoureusement pendant que nos soldats établirent avec peine un pont sur 1’ARGEN. La lutte dura trois heures et l’ennemi étant enfin rejeté dans les montagnes, la division LABORDE occupe LANDAU ; les avant-postes sont établis derrière la LIBACH.

COMBAT DE BREGENZ

Le 9 août le Général autrichien fait un dernier effort pour sauver BREGENZ, mais le courage de nos soldats à bientôt raison de sa résistance ; WOLF culbuté se retire précipitamment dans la nuit du 9 au 10 août, ayant perdu 500 hommes dont un Colonel et laissant un drapeau entre nos mains.

La 1ère division entre aussitôt dans BREGENZ et la 79e demi-brigade contribue à la prise de 30 bouches à feu, de 40 000 sacs d’avoine et d’orge, de 1 100 tonneaux de farine et de 30 à 40 grands bateaux. Ne faisant que traverser la ville, le Général LABORDE poursuit l’ennemi l’épée dans les reins, s’empare encore d’une pièce de canon et force l’ennemi à se retirer sur FELDKIRCH.

Occupant BREGENZ et KEMPTEN, la division française garde la défensive et surveille les gorges du TYROL. Tout le pays était soulevé contre nous, les paysans tyroliens avaient pris les armes.

COMBAT D’IMMERSTADT

Le 18 août nos avant-postes étaient à KEMPTEN; sur les rapports des nombreuses reconnaissances envoyées par la division dans les montagnes environnantes, le Général de LABORDE se décida à attaquer IMMERSTADT où l’ennemi s’était retranché. Afin de mieux cacher ses projets, le Général fit partir ses troupes dans la nuit du 19 au 20 août ; la 79e marche en tête de colonne et attaque au petit jour; elle pénètre au pas de charge dans la ville que les autrichiens évacuent en toute hâte pour se retirer dans le Tyrol, à MITTENWALD, considéré comme la clef du pays.

WOLF, ayant alors été renforcé par 7 bataillons et 14 escadrons venus d’Italie, parait en force devant KEMPTEN le 21 août, mais il n’ose attaquer, se retire pendant la nuit et se retranche à OVERBEN.

Inquiet, le Général THARREAU part pour KEMPTEN avec 300 hussards, un bataillon de grenadiers de la 79e, pendant que le reste de la demi-brigade tient dans IMMERSTADT sous les ordres de son chef GOTART. Le lendemain, 22 août, WOLF se décide à attaquer ; avec des forces considérables il se rue sur KEMPTEN et IMMERSTADT, mais la 79e demi-brigade résiste avec un courage sans pareil; débordé de toutes parts, elle charge à la baïonnette sur les autrichiens, les culbute et parvient à se retirer sur VANGEN, où la 1ère division arrête les progrès de l’ennemi.

Le 24 août, cette division occupe les hauteurs entre KUSSING-OTTONARNIG et RHEINTHAL ; la brigade PAILLARD est en avant de BREGENZ. La brigade THARREAU réoccupe KEMPTEN ; le quartier général de la division est à VANGEN.

GODART, qui occupait toujours IMMIERSTADT avec la 79e, soutient chaque jour de nouveaux combats, le 27 au soir, il part avec ses trois bataillons pour surprendre les avant-postes ennemis, enlève une grande garde, lui tue 50 hommes et au petit jour se jette sur le village, ou il surprend les autrichiens endormis. Un combat des plus vifs a lieu sur la place centrale, un capitaine de la 79e est tué, l’ennemi se retire en désordre et la demi-brigade ne se replie sur IMMERSTADT que devant les nombreuses troupes autrichiennes qui accourent de tous les côtés.

Croyant à une attaque générale, WOLF appelle à son aide le Général FROLICH qui, ayant reçu des renforts, quitte les sources de l’ISERE le 27 et, pour dégager WOLF, se dirige sur KEMPTEN le 31 ; un combat acharné de tirailleurs s’engage aussitôt. Au plus fort de l’action, une pièce d’artillerie légère qui soutenait la chaîne était sur le point de tomber au pouvoir de l’ennemi.

Ce dernier, qui avait établi une embuscade dans un bois, sortait en force pour s’emparer de cette  pièce et poussait déjà des cris de triomphe, lorsque le lieutenant DUQUENE à la tête de 80 hommes de la 79e, se précipite au devant des autrichiens, soutient le choc avec impétuosité, prenant ensuite l’offensive, les rejette dans le bois où il les maintient jusqu’à l’arrivée du 1er bataillon de la demi-brigade qui accourait à son secours. La division autrichienne ne se sentant pas en sûreté se retire le jour même sur MEMMINGEN. La division de LABORDE occupe à cette époque BREGENZ, ISNICH, IMMERSTADT et NESSENLWANG ; la 2e division avec le Générai FERINO, est à 30 lieues de là.

Le 3 septembre, le Général PAILLARD, quoique inférieur en nombre, réoccupe KEMPTEN ; la brigade THARR.EAU est campée à DURPACH et IMMERSTADT.

Les autrichiens gardent les débouchés du TYROL à HOLZKIRCHEN et FUESSEN, le 5, le Général de LABORDE ayant reçu l’ordre de pousser jusqu’à FUESSEN, la brigade ~THARREAU lance de nombreuses reconnaissances sur les camps de WILS et de TANNHUN.

.Le 7, WOLF se porte en avant et vient cerner la brigade de PAILLARD auprès de NESSELWANG elle est rejetée sur DURACH, mais THARREAU, prenant l’ennemi de flanc, dégage la brigade compromise et rejette WOLF dans les gorges du TYROL.

La division reste sur le qui-vive pendant quelques jours et, voulant connaître la force de l’ennemi, le Général de LABORDE charge la 79e, toujours en première ligne, d’une reconnaissance offensive ; voici le récit de cette opération tel que l’a écrit le Chef de la demi-brigade GOTART.

« Le 26 fructidor, le général THARR.EAU me donna l’ordre de marcher sur ISNICH avec 1000 hommes, 200 hussards et une demi compagnie d’artilleurs. A minuit la cavalerie rencontre les autrichiens nous prenons position au-delà d’un bois d’où j’aperçus des forces considérables à ISNICH et au-delà (au moins 200 feux) je fis informer le Général THARREAU qui me donna l’ordre formel d’attaquer ; je repousse les petits postes ennemis mais la cavalerie (2 escadrons) me charge avec vigueur pendant que 2 bataillons me tournent par ma gauche. Mon centre est forcé et se replie avec quelque désordre ; j’ordonne alors la retraite sur le bois.

Le Général THARREAU arrive et m’ordonne de revenir ; mais l’infanterie ne put en entier gagner le bois et fut chargée par deux régiments de cavalerie ; plusieurs pelotons furent sabrés. J’étais suivi de si près par un officier de cavalerie que je l’entendais crier: Rendez-vous, colonel !

Je perdis là environ 600 hommes. »

La demi-brigade qui venait d’être si maltraitée dans cette affaire glorieuse fut en partie sauvée par le sang froid du lieutenant DUQUENE ; pendant la retraite, les tirailleurs se trouvaient engagés dans des marais et étaient coupés par de larges ruisseaux. Le lieutenant DUQUENE, connaissant un petit pont sur la rivière, réunit 50 hommes, s’empare du passage et, se plaçant sur une éminence, arrête l’ennemi par ses feux bien dirigés il permet ainsi aux nombreux tirailleurs de la 79e de se joindre à lui et se replie ensuite sur la demi-brigade, environné de toutes parts par les autrichiens qui n’osent l’attaquer à l’arme blanche.

Le soir même, BREGENZ et LINDAU sont évacués par le 38e. La 79e se retire à RAVENSBURG ; elle venait de lutter contre 10 000 hommes.

Le 14 septembre, les autrichiens sont sur la WERTACH ; WOLF est à NESSELWANG, le 17, FROLICH attaque la 1ère division à KEMPTEN et IMMERSTADT avec 3 000 hommes d’infanterie, 2 escadrons de cavalerie et 5 bouches à feu. Le lieutenant DUQUENE qui était de grand’garde au pont en avant de DURACH, reçut le premier choc. L’ennemi, brusquant l’attaque, se porta en force sur le pont que cet officier commandait, mais malgré son infériorité numérique le lieutenant DUQUENE résista avec une énergie sans pareille et donna le temps aux trois compagnies de grenadiers commandés par le capitaine MAFFRAND de venir le rejoindre et de maintenir les autrichiens à distance des cantonnements. Un désastre était évité car la 79e avait été surprise par l’attaque au moment où elle nettoyait ses armes, complètement démontées.

Un combat des plus sérieux a lieu le 19 au même endroit ; la cavalerie ennemie enveloppe complètement un bataillon de la 79e, qui est pris. Le capitaine MAROULET, commandant un escadron du 2e régiment de hussards, se trouvant engagé et sur le point d’être cerné, le capitaine MAFFRAND vole à son secours avec sa compagnie de grenadiers. Dans la mêlée, il est entouré par 16 hussards ennemis ; l’un d’eux saisit la bride de son cheval pour l’emmener prisonnier, mais le capitaine MAFFRAND, conservant son sang-froid, lui coupe le poignet d’un vigoureux coup de sabre et, pointant de droite et de gauche s’ouvre un passage au travers des cavaliers autrichiens. A peine dégagé, voyant son sous-lieutenant sur le point d’être sabré par l’ennemi, il s’élance à son aide et lui sauve la vie.

Cependant le Général THARREAU, à la tête des débris de la demi-brigade pressé de tous côtés, se précipite sur l’ennemi à la baïonnette et, traversant deux colonnes autrichiennes parvient à se retirer sur WESWIHR et ZALMAS. Harcelé toute la nuit, il arrive à ISNY au petit jour. Pendant la retraite, le lieutenant DUQUENE, voyant la droite de son bataillon culbutée par l’ennemi, ne consultant que son courage, rassemble 200 hommes et prend à leur tête la défense des pièces de canon dont les autrichiens allaient s’emparer. il les arrête sous son feu, les attaque à la baïonnette et donne le temps à son bataillon de se rallier derrière lui et d’accourir ensuite pour le délivrer.

Il était temps, le lieutenant DUQUENE et ses vaillants soldats, entourés par l’ennemi, allaient succomber.

A l’époque où je passais le Rhin, dit GODART, j’avais 2 350 hommes présents sous les armes ; il me manque à présent 700 tués ou blessés, 700 prisonniers et 300 malades.

Le 19 septembre, la retraite générale de l’armée du Rhin est décidée par MOREAU et la 1ère division se retire derrière 1’ARGEN. Le 22, la division résiste encore sur la ligne de SCHUSSEN, mais l’insurrection a gagné toute la SOUABE derrière nous et les convois sont difficiles. Le 24, la 1ère division sous les ordres du Générai THARREAU abandonne les hauteurs derrière la SCHUSSEN ; la 79e est à ERISKIRCH. La 2e division, commandée par le Général FER1NO s’est rapprochée et ses flanqueurs se montrent à RAVENSBURG.

Le 30 septembre, 4000 autrichiens cherchent à s’emparer de ce point important, mais FERINO s’en étant approché les voit se retirer sans combattre ; enfin à 5 heures du soir l’ennemi attaque les avant-postes du Général THARREAU, mais il est repoussé.

La 79e demi-brigade, dont l’effectif était considérablement réduit, est alors chargée de conduire un fort convoi à HUNINGUE. Est attaquée dans la traversée d’un bois par une centaine de cavaliers et de paysans soulevés, leur tient tête, dégage la route et arrive après quelques escarmouches à HUNINGUE.

La 79e demi-brigade fut alors désignée pour rejoindre l’armée d’Italie.

Le 14 décembre 1796 elle part depuis STRASBOURG, vers BESANCON où elle incorpore toute la 89e qui avait été faite prisonnière à MANNHEIM. Elle se dirige vers CHAMBERY sur MILAN et ensuite sur VERONE d’où elle se rend à BASSANO pour garder les gorges de la BRENTA. Mais tout au long de cette époque de la bataille d’Italie elle est en réserve et ne participe à aucun combat, jusqu’au traité de CAMPO FORMIO.

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