1796-1797 Italie

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4. DEMI BRIGADE D’INFANTERIE LEGERE

1796 - 1797 - Campagne contre BEAULIEU

Au commencement de l’année 1796, le Directoire mécontent du Général SCHERER, Commandant en Chef de l’Armée d’Italie, le remplaça par le Général BONAPARTE.

Celui-ci releva le moral abattu du soldat, en leur parlant de patrie, de victoires, de conquêtes prochaines, et le 10 avril, cette petite armée composée de quatre divisions, MASSENA, AUGEREAU, SERRURIER et LAHARPE, entra en campagne. “Soldats, leur dit le Général en Chef, je vais vous conduire à la conquête de riches provinces ; vous y trouverez gloire et honneur, Soldats de l’Armée d’Italie, manqueriez-vous de courage ?“ Et l’Armée répondit par les nombreuses victoires qui ont rendu à jamais célèbre la campagne de 1796.

La 4e Demi-Brigade qui fit partie d’abord de la division MASSENA, puis de la division JOUBERT y commença sous le commandement du Chef de Demi Brigade DESTAING sa glorieuse renommée.

Le il avril, les armées françaises et autrichiennes se rencontrèrent au COL DE MONTENOTTE. Les divisions LAHARPE et AUGEREAU attaquèrent de front l’ennemi, tandis que MASSENA, par un circuit, terminait sur ses derrières. Entouré, l’ennemi céda le terrain jusqu’à DEGO et les forces Piémontaises et Autrichiennes, alliées contre la France, furent séparées. La victoire était importante et la 4e Demi Brigade avait reçu, sous le commandement de l’illustre Général MASSENA, le baptême du feu.

BONAPARTE s’étant d’abord mis à la poursuite des autrichiens, les atteignit à DEGO. Leur gauche était appuyée à une redoute, la 4e Demi Brigade Légère fut chargée de l’enlever. Elle s’élança à l’attaque avec un entrain admirable, enleva la redoute et se portant sur le derrière des positions de l’ennemi, détermina sa retraite. 9 officiers et 100 hommes tués ou blessés, telles furent les pertes de la 4e Demi Légère dans cette journée. Elles étaient cruelles, mais le Régiment pouvait désormais inscrire sur son drapeau le nom de sa première victoire (14 avril 1796).

BONAPARTE reporta son armée à gauche contre les Piémontais et les culbuta le 21 à MONDOVI. Un armistice signé le 28 détachait le PIEMONT de la coalition et les soldats de la 4e Demi Brigade Légère comme toute l’Année d’Italie entendait lire à haute voix le magnifique ordre du jour dont nous détachons les quelques lignes suivantes: “Soldats, vous avez remporté en quinze jours six victoires; pris vingt drapeaux, cinquante cinq canons; vous avez fait quinze mille prisonniers et tué ou blessé dix mille hommes, vous égalez aujourd’hui par vos succès l’Armée de HOLLANDE et du RHIN... Vous avez gagné des batailles sans canons, passé des rivières sans ponts, fait des marches sans souliers, bivouaqué sans pain; la Patrie reconnaissante vous devra sa prospérité... Mais soldats, vous n’avez rien fait puisqu’il vous reste à faire.”

Cet ordre du jour, la 4e Demi Légère a le droit de l’inscrire dans ses annales, car elle était à MONTENOTTE, à DEGO et à MONDOVI.

Le Piémont soumis, l’Armée se mit à la poursuite des autrichiens. On passa le Pô à PLAISANCE, I’ADDA à LODI. MILAN fut occupée pendant quelques jours par la Division MASSENA à laquelle appartenait la 4e Demi Légère. Voici en quels termes l’Histoire parle de cette division: “Les soldats étaient contents et observaient une exacte discipline; couverts de leurs vieux habits, ils étaient déguenillés, mais imposant par leur renommée, leur tenue martiale et leur belle discipline.” (THIERS -Histoire du Consulat et de l’Empire).

BONAPARTE, après un court séjour à MILAN, dirigea son armée sur le MINCIO et l’ADIGE et, là encore, nous allons voir la 4e Demi Brigade Légère cueillir de nouveaux lauriers.

L’armée autrichienne s’était décidée à défendre le MINCIO et avait pris position à VALLEGIO, en arrière du fleuve, laissant en avant, au village de BORGHETTO, une avant garde de 4000 fantassins et 2 000 cavaliers. BONAPARTE fit attaquer le village par des grenadiers et des carabiniers soutenus par la cavalerie et l’artillerie. Les carabiniers de la 4e Demi Brigade Légère formaient l’avant garde. L’attaque fut si impétueuse que les autrichiens, dans leur fuite, ne purent rompre qu’une seule arche du pont. Les carabiniers de la 4e Demi Légère poursuivaient l’ennemi de si près que le chroniqueur raconte que le Carabinier GUIGNARD du 2e Bataillon franchit la coupure d’un bond entraînant par son exemple plusieurs de ses camarades. Pendant ce temps, d’autres carabiniers, conduits par le Général GARDANNE, passèrent le gué. La coupure du pont fut réparée par les carabiniers de l’avant garde sous le feu de l’ennemi et l’armée entière effectua son passage. Ce glorieux fait d’armes, où figurent avec tant d’honneur les carabiniers de la 4e Demi Légère, mérita d’être mentionné à l’attention particulière du Régiment, car c’est en s’inspirant de si nobles exemples que l’on se rend digne de les imiter.

Le MINCIO franchi, la Division MASSENA marcha sur VERNE. La 4e Demi Légère s’empara des postes, des ponts, de la place d’armes et la ville fut occupée.

La ligne de l’ADIGE appartenait à l’Armée d’Italie.

Campagne contre WURMSER

L’arrivée de l’armée de WURMSER, forte de 60 000 hommes, fit recommencer la lutte. La division MASSENA gardait la position de la CORONA. La 4e Demi Légère occupait les hauteurs de MONTEBALDO, Chef de la position. Une partie de l’ennemi (15 000 hommes) attaqua cette demi brigade et la cerna mais elle s’ouvrit un passage à travers les lignes ennemies et parvint à gagner le gros de la division à RIVOLI. Dans cette terrible lutte, la 4e Demi Brigade perdit 100 hommes tués et 150 prisonniers. Dans sa retraite, elle dut charger plusieurs fois à la baïonnette sous le commandement du brave Général JOUBERT. Le Chef de Bataillon LACROIX fut blessé et fait prisonnier. On cite encore comme s’étant particulièrement distingué, un certain officier GERMAIN qui, quoique atteint à la tête de plusieurs coups de sabre, résista longtemps à un petit peloton de hulance et parvint à se dégager et à rejoindre la Compagnie.

L’Armée entière s’étant concentrée à la pointe du lac de GARDE, BONAPARTE la porta d’abord contre QUASDANOWICH qui, avec 20 000 hommes, descendait la rive droite du lac. Ayant repoussé QUASDANOWICH, il se retourna contre les 40 000 hommes qui descendaient la rive gauche et avaient chassé MASSENA de la CORONA. La rencontre eut lieu à LONATO. La 4e Demi Légère avec la compagnie d’élite de la 14e, soutint l’attaque du gros de l’armée autrichienne.

Secourue par le reste de la division MASSENA, après plusieurs heures d’une héroïque résistance, elle reprit l’offensive, délivra ses prisonniers de la veille et repoussa l’ennemi. 4 officiers et une centaine de soldats tués ou blessés furent les pertes de la 4e Demi Brigade. DESTAING, son chef, fut blessé, mais nous le retrouverons commandant encore la 4e à la prise d’ALEXANDRIE. Dans le combat de LONATO, la 4e Demi Brigade était sous les ordres du Général PIGEON.

WURMSER, qui était allé débloquer MANTOUE, ne trouvant personne devant la place, remonta vers le Nord rejoindre son armée et la soutenir. il arriva le lendemain du combat de LONATO, rallia ses troupes dispersées et se disposa à l’attaque. BONAPARTE en fit autant et le 18 s’engagea la bataille de CASTIGLIONE. La division MASSENA fermait la gauche. La division SERRURIER à droite devait tourner la position éminente ; on attendait son attaque pour agir. A peine a-t-elle ouvert son feu, que MASSENA à gauche et AUGEREAU au centre, s’élancent à l’attaque des positions. La 4e Demi Légère formait la tête de la colonne chargée d’enlever les hauteurs de SOLFERINO ; elle marcha avec un entrain admirable, enleva la position et y fit un grand nombre de prisonniers.

Soixante trois ans plus tard, en 1859, l’armée française livrait sur les mêmes lieux la grande bataille de SOLFERINO qui terminait la guerre d’Italie sous NAPOLEON III.

La 4e Demi Légère devenue 79e de Ligne revenue en France, n’eut pas le bonheur d’y prendre part. Nul doute cependant que le 79e se ressouvenant de l’héroïque conduite de la 4e Demi Légère, le 18 juillet 1796, n’eut ajouté une belle page aux annales déjà si glorieuses du Régiment.

La Division MASSENA poursuivit WURMSER le long de la rive droite de l’ADIGE et reprit les positions de RIVOLI et de la CORONA qu’elle avait dû abandonner quelques jours auparavant. A la CORONA, la 4e Demi Légère enleva de vive force, le retranchement de CHALENO et prit 3 canons et 700 prisonniers. Son chef, RONDEL, fut blessé ainsi que plusieurs officiers.

Après quelques jours de repos, BONAPARTE se dirigea sur TRENTE pour y attaquer WURMSER qui y avait réorganisé son armée. WURMSER avait fait garder les défilés par DAVIDOVICH. L’action s’engagea aux environs de ROVEREDO où le château de la PIETRA gardait l’entrée des défilés. BONAPARTE employa son infanterie légère à l’attaque de ce château et la 4e Demi Légère y prit une grande part. On raconte qu’à l’attaque de ce fort, le Général en Chef BONAPARTE donna à cent chasseurs de cette Demi Brigade les instructions suivantes: “Vous allez passer entre le château et le rocher, leur dit-il, vous essuirez deux coups de mitraille, vous tournerez le château; peut être serez vous faits prisonniers, n’importe, je ne tarderai pas à vous délivrer. Marchez I “. ils marchèrent en effet, tournèrent le château et s’en emparèrent. La 4e Demi Légère entra la première dans TRENTE et enleva le poste de BOLZANO. WURMSER n’y était plus; la résistance de DAVIDOWICH n’avait- eu d’autre but que de cacher son mouvement sur la BRENTA.

La Division MASSENA et par conséquent la 4e Demi Brigade Légère, prit part à la marche de l’Armée sur la BP.ENTA et à la poursuite de WURMSER vers MANTOUE (dans cette poursuite, la 4e Demi Brigade assista aux combats de PRIMOLANO et BASSANO. Elle entra dans cette dernière ville ayant à sa tête le Général MASSENA, enleva l’artillerie ennemie malgré les grenadiers d’élite de l’aimée autrichienne).

Au passage de l’ADIGE vers RONGO, 15 septembre 1796, l’avant garde française, d’abord mise en déroute et poursuivie par la cavalerie et l’infanterie ennemie, se rallia d’elle-même en voyant la bonne contenance de la 4e Demi Légère qui faisait partie de cette avant garde et dont le feu arrêta l’ennemi. Le Caporal GAUSSERAND, avec 9 ou 10 hommes, ne craignit pas de barrer le chemin en faisant croiser la baïonnette à ses hommes et arrêta la cavalerie. La Demi Brigade n’avait alors que 600 hommes présents, elle avait 500 prisonniers entre les mains de l’ennemi et autant de tués ou blessés. Tous ses officiers supérieurs étaient depuis longtemps ou tués ou faits prisonniers: il ne lui restait que 8 à 10 officiers.

Campagne contre ALVINZI

Pendant que le siège de MANTOUE s’effectue, MASSENA et la division sont sur la BRENTA. il y reçut les premiers chocs de l’Armée d’ALVINZI. La 4e Demi Légère perdit dans ces affaires plusieurs officiers et 120 hommes tués, blessés ou prisonniers. Ramenée en arrière sur l’ADIGE, elle assista à la célèbre bataille d’ARCOLE où 15 000 français luttèrent pendant trois jours contre plus de 40 000 autrichiens et remporta une des plus belles victoires dont l’armée française puisse s’honorer.

Pas un soldat du 79e ne devrait ignorer le récit de ces combats où leurs devanciers se montrèrent ai courageux dans la lutte et si patiente à supporter les fatigues et les privations de toute espèce. Ils apprendraient ainsi comment une armée où domine la discipline et où règne le sentiment du plus ardent patriotisme est souvent victorieuse, même quand elle lutte contre un ennemi supérieur en nombre.

Après la bataille d’ARCOLE, la division MASSENA garda VERONE. L’armée autrichienne renforcée allait tenter un dernier effort. L’attaque principale eut lieu par le haut ADIGE. Au premier bruit d’attaque, la 4e Demi Légère se porta à la CORONA et y prit position. Le 14 au matin, l’ennemi attaqua vigoureusement JOUBERT. BONAPARTE arriva le matin avec la Division MASSENA et vit JOUBERT avec 10 000 hommes attaqué par plus de 40 000. il était temps qu’un secours arrivât.

La 4e Demi Légère fut ce jour là du Corps de droite et voici comment l’historien célèbre de cette campagne raconte les faits auxquels prit part cette demi-brigade dans la journée de RIVOLI.

“BONAPARTE était isolé avec les seules divisions JOUBERT et MASSENA. il était avec 16 000 hommes enveloppé par 40 000. Tandis que la gauche est couverte par l’héroïsme de la 14e et de la 32e, la droite est menacée à la fois par l’infanterie ennemie qui a repris l’offensive et par 1 colonne qui escalade le plateau. BONAPARTE dirige une batterie d’artillerie et deux escadrons sous les ordres de deux bons officiers LECLERC et LASALLE sur le débouché d’INCANALE. JOUBERT fait volte face avec un corps d’Infanterie Légère (4e Demi Brigade). Tous chargent à la fois; JOUBERT a son cheval tué ; il se relève et s’élance un fusil à la main; tout ce qui a débouché, grenadiers, cavalerie, artillerie, tout est présenté dans l’escalier tournant d’lNCANALE”. La victoire fut complète et la 4e Demi Brigade peut encore l’inscrire sur son drapeau. Son Chef, et le commandant LACROIX, rentré de captivité, furent mis hors de combat. La 4e Demi Légère sous le commandement de JOUBERT prit part à la pousuite contre ALVINZI et fut constamment, dit-on, à l’avant garde.

La reddition de MANTOUE termina cette étonnante campagne où 50 000 français combattirent 400 000 autrichiens, firent 80 000 prisonniers et tuèrent ou blessèrent plus de 20 000 hommes.

1797

Pendant la marche de BONAPARTE sur VIENNE, la 4e Demi Légère fit partie du corps de JOUBERT. Ce général devait soumettre le TYROL en y battant les généraux autrichiens LANDON et HERZEN; puis les poussant devant lui, venir rejoindre à travers les Alpes le Général en Chef. Ce plan s’accomplit entièrement ; mais les préliminaires de LEOBEN arrêtèrent la marche de l’Armée et terminèrent la campagne de 1797.

Pendant toute cette marche à travers le TYROL et les ALPES, la 4e Demi Brigade se fit remarquer par son entrain et sa bravoure. Constamment à l’avant garde, elle mérita souvent des éloges et lorsqu’elle rentra en France, on put dire d’elle “Elle était de l’Armée d’Italie”.

La 4e Demi Légère fut rappelée en France à la fin de 1797 et vint tenir garnison à VIENNE où elle arriva le 10 janvier 1798.

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