DEUXVILLE 1914-1918

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PETITE HISTOIRE DE LA PAROISSE DE DEUXVIILE

Sources : Suppléments au bulletin paroissial parus à partir de décembre 1964, articles signés A. GÉRARD, curé de Deuxville.

DEUXVILLE ET LA GUERRE 1914 - 1918.

Chers Lecteurs,

Cet article est certainement très incomplet. Il est certes difficile de réunir tous les détails qui pourraient intéresser les vieux Deuxvillois. Plusieurs seront déçus de ne pas y trouver certains faits, d'autres constateront des inexactitudes, je m'en excuse. Avec l'aide des souvenirs de Madame PERRETTE, de Monsieur Adrien BAILLY et de plusieurs autres personnes, avec des renseignements puisés dans un livre aimablement prêté par M. Jules BAUDOIN "Ceux de l'aube rouge" de Percival MARTIN (un gars du 79ème) j'ai pu rédiger ces quelques pages.

A Deuxville, comme dans toutes les communes de France, l'ordre de mobilisation générale ordonnée par le Président POINCARÉ est affiché le dimanche 2 août 1914. Le départ d'un époux, d'un père, d'un grand fils fut comme partout une scène pénible et toujours angoissante. Le lundi 3, des sous-officiers viennent procéder à la réquisition des chevaux.

Le mardi 4, le 12ème R. de dragons qui tient garnison à Toul, arrive en cantonnement à Deuxville. Son séjour sera de courte durée. Cependant une patrouille de dragons en reconnaissance en forêt de Réméréville se heurte à une patrouille de Uhlans. Ceux-ci rebroussent chemin, mais leur officier est tué. Son magnifique cheval est ramené à Deuxville, il fait l'admiration des jeunes gens du pays. Avant la bataille de Morhange, rien de bien spécial ne se passera à Deuxville.

Jeudi 20 août. Désastre de Morhange. Les troupes françaises battent en retraite. Une partie du 15ème corps d'armée arrive dans notre région, mais n'y demeure que peu de temps. Avant la venue du 79ème R.l. plusieurs compagnies du 69ème R.l. combattront dans le secteur de Deuxville, où hélas, elles subiront de lourdes pertes.

Samedi 22 août. Premier obus sur Deuxville, c'est un incendiaire. Il éclate dans un grenier à foin de la maison Nicolas BAILLY (actuelle TATEJA). Il est suivi de nombreux autres obus. Ce samedi, Félix JULLIERE, 53 ans, est blessé mortellement par un éclat d'obus. Son épouse, Thérèse Maria MEAUX est gravement blessée ; il faudra l'amputer d'un bras. Ce même jour[1], Madame Julia JOLLAIN est frappée d'un éclat d'obus chez elle. Elle habitait la petite maison voisine de Mme GEORGEL, utilisée actuellement par M. DOGAT. Cette dame décédera des suites de sa blessure, le 1er juin 1918.

Le 22 août, les Allemands sont tout proches. L'abbé THIRIET et Madame SCHER incitent les jeunes gens à partir, ils craignent que les Allemands ne les emmènent,

Toujours ce samedi 22, vers 16 h., les troupes bavaroises pénètrent pour la première fois à Deuxville. Les premiers groupes sont arrivés par le côté est, principalement par le chemin de la petite ferme du "Raimbod[2]" qui appartenait à la famille BIENFAIT (actuellement hangar Ch. DUMAS). En principe, les Allemands, occupant l'est du village, à peu près jusqu'au chemin Lièvre. Le centre est neutre. Les Français occupent le haut de "Laoutre", à partir du ruisseau.

Mardi 25 août. Une grande bataille est livrée dans Deuxville et ses alentours. 32 fantassins du 69ème sont tués. Mais les troupes bavaroises sont obligées à un léger repli sur les crêtes nord-est sur les fermes de Friscati et de Saint  Evre.

De cette dernière, l'ennemi peut observer ce qui se passe à l'intérieur du village, ainsi que dans les directions de Vitrimont et d'Einville.

(Saint Evre était une grosse ferme flanquée d'une grande maison d'habitation appelée château, le tout entouré d'un important enclos planté de vignes. La petite ferme de Friscati, qui date du 18ème siècle, avec sa maison d'habitation, a été construite par un peintre, à son retour d'Italie, ce qui explique son nom).

En se repliant le 25 août, les Allemands emmenèrent des otages, le curé, l’abbé Joseph THIRIET et le maire, Jules BAJOLET, qui seront fusillés le lendemain à Crion.

Dans un précédent article, le meurtre de ces deux notables a été longuement relaté.

Le fermier de Saint Evre, Albert ROBIN (père de madame Charles BOULANGER et de MM. Marius et Antony ROBIN) fut également emmené en captivité. Il resta prisonnier civil la durée de la guerre. Les Allemands avaient aussi recherché l’instituteur, Auguste FIATTE, mais en vain. Ce fut pour lui une grande chance, car né en Lorraine annexée à Pagny les Goin, à peu de distance de Nomeny, il risquait gros[3].

Toute la journée de ce 25 août, il y eut un chasse-croisé de bombardements Plusieurs obus sont tombés au carrefour de la route de Vitrimont (actuel carrefour de la grotte) face à la maison Louis CROISET. De nombreux blessés furent emmenés à Dombasle sur des chariots pour être embarqués sur des péniches en direction de Nancy.

Le mercredi 26 août, les Allemands reviennent en force dans le village. Ils sont exaspérés. A la tombée de la nuit, ils exigent des habitants, que toutes les fenêtres soient éclairées, probablement pour voir de la rue ce qui se passe dans chaque chambre.

Le jeudi 27 août 1914 est marqué par un épisode douloureux qui datera dans l'histoire de Deuxville, l'incarcération des femmes et des enfants dans l'église avec menace de mort. Les hommes restés au village sont groupés à la mairie. Dans l'église toutes les bougies et les cierges sont allumés. Un officier crâneur alluma un cigare à la flamme d'un cierge. Il nargue les femmes et veut les terroriser. Au moment même où cet homme sort de l'église, un obus français tiré d'un fort provisoire près de Dombasle, le Rambétant, vint frapper le soubassement du mur de façade, l'officier et les factionnaires de garde à la porte furent tués[4]. A l'intérieur de l'église, la détonation, les deux derniers vitraux brisés, la fumée, la poussière, provoquent une panique générale et tous se sauvent affolés, lies trois allemands tués sont inhumés provisoirement en l'ancien cimetière contre le mur de l'église. C'est en souvenir de cet obus qu'un culot de 75 fut scellé dans le mur de la façade de l'église près de la porte de la ruelle entre l'église et la mairie. Il s'y trouve toujours.

Le vendredi 28 août, les hommes furent regroupés à la mairie, tandis que les femmes et les enfants furent rassemblés dans les caves de la maison Joseph et Charles THOMASSIN.

Le samedi 23 août, au matin, un souffle d'angoisse passe sur cette population enfermée. Il est question d'un départ possible en captivité pour l'Allemagne. Il n'en sera rien, Dieu merci. Cependant la population entière est dirigée sur Jolivet où elle passa la nuit dans un hangar en planches sans vivres et sans couvertures. Le lendemain, dimanche 30 août, tous sont conduits à Lunéville et logés au cinéma Stanislas. Là, bien peu de nourriture. Quelques jardiniers de Lunéville prennent ces gens en pitié et leur apportent quelques produits maraîchers, mais on ne peut guère se sustenter avec des melons et des cornichons. Comme le séjour dans ce local se prolongea une dizaine de jours la situation fut critique pour les femmes enceintes, angoissante et douloureuse pour quelques jeunes mamans qui virent mourir leurs petits bébés faute de soins et de lait. Le petit Paul DUMAS, le dernier-né, en principe le plus fragile, résista, aussi fut-il appelé par la suite "le rescapé".

Pendant la captivité de la population, trois personnes seulement étaient restées au village : Hippolyte BAILLY, grand-père de M. Adrien BAILLY, blessé à une jambe par une balle, il n'avait pu suivre les autres, de même une infirme très âgée, une dame DROUIN, grand'mère maternelle de MM. P et A. LHUILLIER puis une dame HATTON, belle-mère de M. GACON. Ces trois personnes furent mises ensemble dans la maison d'école. La dame HATTON fit la cuisine avec ce qu'elle put se procurer.

Entre temps que font nos soldats ? Percival MARTIN dans son livre "l'aube rouge" page 104 écrit ceci : « dans la nuit du 26 au 27 août, un bataillon du 79ème R.l. sous le commandement du chef de bataillon Victor PETIN a pénétré dans Deuxville, venant de Flainval. Au matin, le 79ème s'engage sur la belle route blanche qui mène à Lunéville, écrit Martin. Nous marchons avec précaution, lentement, nous sentons l'ennemi tout proche. Nous rencontrons de nombreux cadavres de nos camarades du 69ème ce qui nous prouve que l'on s'est beaucoup battu la veille sur ce terrain. Nous sommes à peine engagés sur la pente qui mène vers la ville qu'à notre gauche éclatent de grèles détonations de fusils Mauser. Au sommet de l'éperon se trouve une exploitation rurale (ferme St-Epvre) que les Allemands occupent et ce sont leurs sentinelles qui ont tiré sur nos patrouilles et ils ouvrent sur nous un feu dispersé; nous ne sommes pas sur un terrain favorable pour attaquer, car de la route jusqu'au pied des murs de la ferme s'étend une lande en pente raide semée de buissons rabougris et de crevasses pierreuses. Le 79ème alors se replie quelque peu. »

Pendant une dizaine de jours, le village sera pris, repris, sous le feu de la mitraille et des obus de l'une et de l'autre artillerie. Ce sont le 8ème  R.A. de Nancy et le 6ème R.A. qui épaulaient le 79ème R.l. Disons encore, pour se dissimuler nos héroïques fantassins se sont servis volontiers des hautes houblonnières très nombreuses autour du village.

Signalons les détails suivants ; le mardi 1er septembre, pluie de gros obus sur Deuxville. Le jeudi 3 septembre, le chef de bataillon PETIN prend le commandement du 79ème R.l. de la Ile division de fer, en remplacement du Colonel AIME qui prend le commandement de la 21ème brigade. Voici ce qu'écrit MARTIN sur le Chef PETIN ; « Grand et mince, son beau visage au teint mat barré par une longue moustache blonde à la gauloise. Ménager de notre sang, nous l'avons toujours vu depuis le commencement de la guerre, vérifier lui-même infatigablement, l'installation de nos premières lignes, afin que celles-ci assurent le maximum de sécurité possible et jamais il n'a risqué la vie d'un seul d'entre nous sans que cela fut absolument nécessaire. Nous aimons tous ce chef qui nous le rend bien ».

Dans la nuit du vendredi au samedi 5 septembre, Deuxville subit encore un gros bombardement qui provoqua entre autre l'incendie de la maison Emile BOUVIER (maison actuelle Georges HUSSON). De bon matin ce samedi, les Bavarois ré-attaquent Deuxville en poussant des clameurs de sauvages : "hourrah ! hourrah !". Ils croient les forces françaises très importantes, il n'y a qu'un bataillon du 79ème.

Le lundi 7 septembre, un événement historique, l'arrivée à Deuxville du Kronprinz, Frédéric-Guillaume (mort en 1951) prince héritier, fils aîné[5] de l'empereur Guillaume II. Venant de la direction de Maixe, il pénètre à 11 h. du soir dans la maison Joseph B0USSERON (actuelle Georges BOUSSERON) pour s’y reposer. Deux sentinelles montaient la garde au pied du lit et deux autres gardaient son cheval à l'écurie. Un beau cheval blanc, la selle et la bride étaient ornées de plaques métalliques de valeur. Le séjour du Kronprinz fut court.

Vers 3 heures du matin, en effet, il repartait par le chemin d'où il était venu. Il faut dire que ce 7 septembre fut une journée néfaste pour les armées allemandes. C'est le repli. Sous le feu de l'artillerie française elles subissent de grosses pertes en hommes, en chevaux, en matériel. Après leur départ, il faudra enterrer 62 chevaux au pied du Léomont. Dans leur colère, selon un procédé qui leur est coutumier, avant de quitter le village, ils mettent le feu à la main à plusieurs maisons, dont celles d'Auguste HENRY, Félix JULLIERE et MANGEARD, ces maisons occupaient le terrain compris actuellement entre les habitations BOUSSERON et VILLAUME. Les maisons de Charles HENRY et d'Alexandre VOSGIEN (actuelle maison Marcel BAJOLET) furent détruites par bombardement. Le mardi 8 septembre, le Colonel PETIN avait la joie de repérer dans ses jumelles la retraite rapide de l'ennemi vers l'est. Les troupes allemandes ne reviendront à Deuxville qu'en 1940.

La population civile ne revient au village que le samedi 12 septembre.

Sur le chemin du retour, le spectacle du champ de bataille frappe de stupeur ces femmes et ces enfants. Longtemps dans leurs insomnies ils reverront au lieu dit Le Tra, un fantassin français, le visage complètement noirci, la mort avait fait son oeuvre depuis plusieurs jours, resté dans la position du tireur à genoux, le canon de son fusil lui servant de point d'appui sur le sol. Impressionnant aussi le capitaine ADELPHE dont la tête est détachée du tronc. Une stèle en souvenir de cet officier existe encore sur le chemin du bois. La stupeur fit place à la colère, quand chacun s'en fut vers sa maison. Comme dans tout village où la guerre est passée, certaines demeures ne sont plus que ruines, d'autres plus ou moins ébréchées par les obus, toutes sauvagement pillées, un désordre inouï règne dans toutes les chambres.

Percival MARTIN (ceux de l'Aube rouge, pages 197 et suivantes) raconte que sa compagnie la 8ème du 79ème R.l. au matin du 13 septembre s'éveilla joyeuse aux environs du Moulnot. De bonnes nouvelles étaient parvenues dans la nuit. Les Allemands libéraient notre sol jusqu'à la frontière. Nos troupes victorieuses étaient entrées dans Lunéville. La 8ème compagnie se mit on route vers 8 h. en direction de Deuxville. Chemin faisant, les soldats du 79ème constatèrent que les Allemands en retraite ont abandonné sur le sol une quantité de bicyclettes dont ils ont eu soin de briser le cadre, de fausser les roues et d'éparpiller les pièces. Il y a aussi rassemblé en tas au bord du chemin passablement de matériel, surtout des pelles et des pioches réquisitionnées dans les quincailleries de Lunéville, ainsi que des fusils français et allemands. Après une heure de marche, la 8ème aborda Deuxville par Montcrabeau. La brave fermière, Mme JACQUEMIN, accourut au devant des soldats en levant les bras au ciel et en poussant de grands cris : "Hé, c'est les soldats qu'étaient près de chez nous dans not pâquis, sous la houblonnière .. Ah ! Mes pauf's enfants, j'suis-t-i donc contente d'vous revoir !" Et dans un langage savoureux de paysanne lorraine, elle renseigne les soldats sur ce qui s'est passé.

- Savez-vous, grand-mère, combien ils étaient les Boches ?

- Toute une brigade. D'abord i's s'sont tirés les uns sur les autres sans s'reconnaître, tant i's étaient nombreux. Ceux qui v'naient par la d'oite d'Deuxville ont pris ceux qui v'naient par la gauche pour des français. I's débrouillaient pus dans la nuit ! .Pis i 'vous pensaient pas dans la houblonnière et quantte i 'sont arrivés su' vous sans vous voir vous les avez écharpés. Enfin la batterie qu'était derrière vous les a abîmés d'boulets comme c'est pas possible ! ..

C' qu' y a d' sûr, c'est qu'i' s ont réquisitionné l'lendemain l' pus tombereaux qu' i's ont pu trouver, et qu'i ' s ont passé toute la nuit d'après à enterrer leurs morts ! . ..

Puis Mme JACQUEMIN raconta l'épisode des femmes enfermées dans l'église que nous avons déjà relaté ... " ... l'officier a dit en rigolant comme ça ; maintenant, si les Français tirent su' le villache, vous s'rez tous tués par les vôtres .! ...et pis i' prenait des airs fiers, il allumait son cigare aux cierches de l'autel, i 'crachait su' Ies dalles de l'église comme un vrai goret ..

Voyez ce que c'est pourtant ! On s'moque des fois de la religion, eh ben ! Pas un boulet n'est arrivé su' l'motet où qu' les bonnes gens étaient en prières, mais comme le chef boche, qu'était sorti, trôlait su' l ' parvis, un obus est arrivé dret su' lui st on l'a pus vu ! "

II faut signaler que les soldats d'un régiment du midi qui occupèrent le village après la llème division de fer, obligèrent les femmes et les jeunes filles à enterrer surtout les chevaux tués. Ces régiments méridionaux n'ont pas laissé aux Lorraines une réputation de courage et de bravoure.

Après le 13 septembre 1914, les habitants de Deuxville remettent de l'ordre dans leur maison et essayent de reprendre la vie normale de la campagne. Evidemment les hommes étant mobilisés, les femmes font de leur mieux pour prendre en main le train de culture, soigner les chènevières, les vignes, aidées par les vieillards et les petits jeunes gens.

Le maire ayant été fusillé, son adjoint, M. Charles THOMASSIN (grand-père de Léon et de Charles) fit fonction de maire. Par la suite, M. Victor CROISET (futur beau-père de M. Emile SIMON), fut élu maire.

La vie à Deuxville fut alors celle de tous les villages proches de la frontière, crainte d'un retour des armées allemandes, des bombardements. Comme dans toutes les communes de France ; anxiété des épouses et des mères pour leur soldat au front, déchirement a la mobilisation d'une nouvelle classe de jeunes gens, deuil de tous à chaque annonce d'un tué ou d'un mort à l’hôpital militaire.

Pour les offices religieux et les sacrements, les paroissiens de Deuxville profitaient des prêtres-soldats de passage dans la localité, mais surtout des abbés Félix MUMIER et DEL, comme je l'ai écrit à l'article Ile.

Le 1er septembre 1915, le village entier fut en grand deuil. C'était un mercredi, jour de marché à Lunéville. Il se tenait place Si-Jacques et rue de la Charité. Maraîchères et clientes s'y pressaient comme de coutume, quand survient un avion allemand qui lâcha une bombe en plein centre de la rue.

Les gens de Deuxville payèrent leur tribut à la mort ; 3 femmes et un petit jeune homme : Mesdames BAILLY, THOMASSIN et VOSGIEN et Albert HENRY.

En souvenir de ce bombardement une plaque de bronze fut placée sur l'immeuble portant le n° 2 de la rue de la Charité. (La porte de cette vieille maison est intéressante. A son frontispice, on peut lire cette devise : Faites bien. Laissés (sic) dire).

Voici l'inscription ; IN MEMORIAM - le 1er septembre 1915, jour de marché, un avion allemand a lancé une bombe qui a tué à cet emplacement 48 personnes et en a blessé 50 autres.

Au milieu de la rue, face à la plaque, une croix en pavés noirs dans un encadrement de pavés noirs marque le point de chute de la bombe.

Je n'ai pas connaissance d'autres faits extraordinaires ou d'une certaine importance pour Deuxville jusqu'à l'Armistice de 1918.

 Annexe à cet article : Souvenir des Victimes militaires et Civiles.

Aussitôt après la guerre de 1914, la maison de la Bonne Presse imprima pour toutes les paroisses de France, des tableaux "souvenir" des victimes de la guerre. La partie supérieure représentait, en couleurs et dans le style de l'époque, le sacrifice de nos soldats face au sacrifice du Christ, l'autre partie était réservée à la liste des victimes. Pendant près de 40 ans ce cadre fut accroché à l'intérieur de l'église, sous le vitrail de Jeanne d'Arc. J'ai ôté moi-même ce tableau pour plusieurs raisons ; il faisait double emploi avec les deux vitraux des morts, l'écriture des listes, à encre délébile, commençait à disparaître, quelques inexactitudes, l'abbé RICHARD avait négligé denoter les renseignements concernant les dernières victimes. Notez bien que ce tableau est exposé au presbytère.

VICTIMES MILITAIRES

BARBIER Henri, né le 26.3.1895, soldat au 37ème R.l. Tué à Ablain St Nazaire (Pas de Calais) le 16.6.1915

BIENFAIT Auguste, né le 7.3.1874, fils d'Aimé et de Catherine PIERRON. Pas de date de mort en mairie, car iI n'habitait plus Deuxville à l'époque de son décès.

CHRISTINY René Auguste, né le 9.11.1895, soldat au 4ème zouave, mort accidentellement à Gabès (Tunisie) le 13.8.1918

CHRISTOPHE Nicolas, dit Jean, soldat au 2ème Bat. de ch. à pied, né le 17.9.82 mort à Elverdinghe (Belgique) le 11.4.1915

COMMUN Joseph, né le 13.3.1877, caporal au 41ème R.l. T. tué à Morey (M. M.) le 10.1.1917

DESPLANCHES Valentin, François, Victor, né le 20.9.1890, brigadier au 13ème chasseur à cheval, mort à Velusina (Serbie) le 20.12.1916

FIATTE Charles Auguste, né le 17.11.1886, lieutenant au 269ème R.l. tué à Buissoncourt (M.M.) le 8.9.1914

GERMAIN Paul, né le 27.5.1884, soldat au 26ème R.l. tué à Friscati le 25.8.14

HATTON Emile, né le 17.12.1775, fils de Jean et de Marie GOBERT. Pas de date de mort en mairie car il n'était plus domicilié à Deuxville, lors de son décès.

HUSSON Victor, né le 12.10.1894, brancardier au 227ème R.A. décédé à l'ambulance 2/72 à Campiègne, le 19.10.1918

JACQUEMIN Alfred, né le 2.5.1887, soldat 1ère classe au 2ème bat. de ch. à pied, tué à Chuignes (Somme) le 25.9.1914

JULLIERE Charles, né le 18.11.1890, soldat au 167ème R.l., disparu à Morhange le 20.8.1914.

JULLIERE.Charie Emile» né 1623.7.1896, soldat au 20ème Bat. de chasseurs à pied, tué à Bemy (Somme) le 10.10.1916

JULLIERE. Joseph Paul,'né le 22.2.1895, adjudant pilote, engagé volontaire, tué en: combat aérien, à. Mercin-Vaux (Aisne) le 19.7.1918

SCHOTT Joseph, né le 5.1.1876, soldat au 6ème génie, mort des suites d'une blessure de guerre, à l'hôpital de Charmes, le 27.10.1917

THOMASSIN Léon, né le 3.5.1884, soldat de 1ère classe au 26ème R.l. tué à Minaucourt (Marne) le 9.9.1915

THOUVENIM Maurice, né le 22.10.1898, fils d'Auguste et de M.A. DIDELOT, pas de date de décès en mairie, n'habitait plus Deuxville.

VIMBOIS Marie-Joseph Saincère, né le 1.5.1896, soldat au 311e R.l. tué à Mallly-Raineval (Somme) le 18.4.1918

 

Victimes civiles.

 Abbé THIRIET Joseph, né le 7.2.1850, curé de Deuxville, fusillé à Crion le 26.8.1914

BAJOLET Jules, né le 25.12.1866, maire de Deuxville, fusillé à Crion le 26.8.1914

HENRY Albert, né le 29.11.1901, tué au bombardement du marché de Lunéville, le 1er sept. 1915

HUMBERT Adeline, épouse BAILLY, née le 25.6.1851, décédée le 2.9.1915 de ses blessures du bombardement du marché

JOLLAIN Julia, née le 5.9.1887, frappée par un éclat de D.C.A. chez elle, décédée le 1.6.1918 des suites de cette blessure

JULLIERE Félix, né le 11.3.1861, blessé au bombardement du 22.8.1914, décédé des suites de ses blessures*

THIRIET Marie-Louise, épouse Charles THOMASSIN, née le 2.6.1891, tué le 1.9.1915 au bombardement du marché

VICQUIT Joseph Auguste, né le 24.12.1835, tué par un bombardement à l'écart de Dehainville, le 28.8.1914

VILLAUME Catherine, épouse VOSGIEN, née le 27.4.1855, décédée le 2.9.1915 des suites de ses blessures du bombardement du marché.

Complément à l'article GUERRE 1914-1918

CROIX DE GUERRE

La Commune de Deuxville est décorée de la Croix de guerre avec palme.

"En vertu de la loi du 8 avril '1915, le ministre de la guerre certifie que la Commune de Deuxville (Meurthe et Moselle) a obtenu la Croix de Guerre .pour citation à l'ordre de l'armée, au cours de la campagne 1914-1918 contre l'AlleMagne et ses alliés. Fait à Paris, le 29 janvier 1921".

(Journal Officiel du 2 février 1921 - Enregistrée au ministère de la. guerre sous le numéro 2236).

MONUMENT AUX MORTS.

Le lundi de la. Pentecôte, 16 mai 1921, après le. service solennel de lendemain de 'fête patronale, eut lieu l'inauguration et la bénédiction du monument aux morts de la commune, au centre du cimetière. L'allocution .de circonstance fut prononcée par Monsieur le Chanoine LACOMBE, supérieur de l'Institution Saint Pierre Fourier.

FRISCATI.

Le lundi de la Pentecôte, 24 mai 1920, bénédiction de la petite chapelle du cimetière de Friscati .(Mouton noir).. Sermon par l'Abbé GERARDIN, curé de St-Jacques ancien aumônier du XXème corps.

Le jour de Pâques, 16 avril 1922, à 15 h. bénédiction de la Croix de ce même cimetière militaire.

STELE DU 79

Au carrefour des routes Maixe-Deuxville, en venant de Lunéville, s'élève le monument-souvenir du 79ème R.l. qui fut inauguré le 5 septembre 1926.

A. GERARD.


[1] Rectificatifs à mon article sur la guerre 1914-1918  La femme JOLLAIN, était réfugiée à Deuxville. Ce n'est qu'en 1918 qu'elle fut frappée par un éclat d'obus de B.C.A. et non le 22.8.1914. Le reste sur elle est exact.

[2] -RAIMBAULT et non RAIMBOD. Ce n'est pas un lieu-dit, mais simplement le nom d'une famille qui habita cette ferme.

[3] Non seulement Albert ROBIN, mais aussi Victor-Auguste GEOFFROY, fermier de Friscati fut emmené en captivité. C'est le père du fermier actuel.

[4] L'obus qui tua l'officier sortant de l'église blessa aussi un homme sorti malencontreusement de la mairie. Il s'agit de M. Eve PIERRON, né le 29.6.1844, père de Mme VILLAUME et grand-père de MM. DUMAS. On dut l'amputer d'un bras. Il est mort à l'hôpital en Bretagne.

[5] - A propos du Kronprinz. Il ne s'agit pas du fils aîné de l'empereur Guillaume II, mais du prince héritier de Bavière. J'ignorais et je m'en excuse, qu'on donna jusqu'en 1918 le nom de Kronprinz aux princes héritiers des différents royaumes de l'Empire d'Allemagne. D'autre part, son séjour à Deuxville fut un peu plus long que je ne l'ai noté.

 

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